Sud-Kivu, la troisième guerre du Congo a-t-elle commencé?

► Quels sont les derniers développements ?

Mercredi 14 novembre, l’armée congolaise (FARDC) annonce la mort de seize personnes dans les localités d’Uvira et du Fizi, dans la province du Sud-Kivu, dans des affrontements entre l’armée burundaise, à qui la FARDC apporte son appui, et les rebelles burundais des Forces nationales pour la libération (FNL). D’autres sources font état de combats entre l’armée burundaise et les rebelles burundais du mouvement Red-Tabara.

Selon la presse locale, deux bataillons burundais auraient franchi la frontière congolaise, fin octobre. Il s’agirait du 212e bataillon commando du Major Aron Ndayishimiye, en direction d’Uvira, et du 112e bataillon du camp Cibitoke, en direction de la plaine de la Ruzizi. « La montée des tensions a commencé en septembre. Les Burundais sont entrés dans le Kivu vers le 20 octobre. Il y a eu une bataille significative contre les rebelles burundais, le 1er et le 2 novembre. Il semble qu’ils se soient ensuite retirés du Sud-Kivu : avec eux, des Red-Tabara remis par les Congolais », souligne Thierry Vircoulon, de l’Ifri.

De son côté, Radio Okapi, s’appuyant sur des sources de l’armée congolaise, annonce que l’armée burundaise poursuit ses opérations dans les hauts plateaux d’Uvira. Des troupes burundaises auraient même été signalées au village Ngendo, à 70 km d’Uvira, dans la Plaine de la Ruzizi.

► Pourquoi l’armée burundaise intervient-elle dans le Sud Kivu ?

L’armée burundaise veut en finir avec son opposition armée réfugiée principalement dans le Fizi et à Uvira. Depuis la réélection controversée du président burundais Pierre Nkurunziza, en 2016, Bujumbura opprime ses opposants, ravivant et instrumentalisant pour le pire, la défiance d’une partie des Hutus contre les Tutsis burundais.

Fuyant les persécutions, l’opposition burundaise s’est réfugiée dans les pays limitrophes dont la RD-Congo. Elle est composée de trois principaux groupes armés, qui conduisent des raids au Burundi et seraient soutenus par le Rwanda. « Le président rwandais Paul Kagame veut renverser Pierre Nkurunziza, note le spécialiste Gérard Prunier. Il a envoyé ses hommes parmi les rebelles burundaisPour se débarrasser de ce danger, Pierre Nkurunziza a d’abord mobilisé les Imbonerakure : la milice du parti au pouvoir. Mais ils se sont fait étriller. C’est pourquoi, il a engagé ses troupes régulières. »

► Est-ce un retour à la situation lors de la guerre de 1998 ?

« À bien des égards, la situation actuelle rappelle 1998 (1) : on a les mêmes acteurs, les mêmes lieux, les mêmes enjeux économiques. La différence, c’est qu’il n’y a pas encore de grands territoires occupés par les puissances étrangères », répond Gérard Prunier. Pour Thierry Vircoulon, à la différence de 1998, il y a moins d’opérateurs pour financer la guerre.

Reste à voir l’avantage que le président congolais Joseph Kabila aurait à tirer d’une nouvelle guerre du Congo pour renforcer sa position à l’heure de l’élection présidentielle du 23 décembre. Et le bénéfice que pourraient en tirer des pays comme l’Ouganda et le Rwanda à un moment où leur allié américain vient de nommer J. Peter Pham au poste d’émissaire pour les Grands Lacs. En novembre 2012, celui-ci prônait l’éclatement de la RDC en plusieurs États dans une tribune du New York Times.

(1) La deuxième guerre du Congo (1998-2003) avait pour toile de fond la conquête du pouvoir au Rwanda et au Burundi et le contrôle des ressources naturelles du Kivu.

L’accord trouvé dimanche 11 novembre sur une candidature unique de l’opposition à l’élection présidentielle a volé en éclat, lundi 12 novembre. Les logiques d’appareils ont prévalu, une nouvelle fois, sur l’intérêt commun.

Source: www.la-croix.com

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