RDC: Traque des rebelles ougandais, il faut craindre un effet contagion

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FARDC – Minova, le 25 Novembre

 

Les Forces armées de la République démocratiques du Congo (FARDC) ont récupéré mercredi 25 décembre 2013 dans l’après-midi la localité de Kamango (à 90 km au nord-est de Beni) occupée le matin par les rebelles ougandais ADF/NALU,  au Nord-Kivu. Après « environ une heure de violents affrontements », les rebelles ougandais ont décroché de Kamango « face à la puissance de feu des FARDC appuyées par l’aviation militaire des Nations unies », ont indiqué des responsables du premier secteur des FARDC basées à Beni.

La RDC ne doit cependant pas se dérober à ses responsabilités. Les rebelles ougandais de l’ADF-Nalu sont désormais dans le viseur de la brigade spéciale de la Monusco. Des hélicoptères onusiens sont entrés en action mercredi dans les localités autour de la ville de Beni, dont Kamango, positions occupées par ces groupes armés classés forces négatives au même titre que le M23. Cette action de neutralisation devrait se poursuivre à l’endroit des groupes armés qui entretiennent l’insécurité dans d’autres provinces du pays, tels les Bakata Katanga, les FRPI (Ituri).
La brigade spéciale de la Monusco n’est pas au bout de sa peine. La tâche qui l’attend sur le terrain  est tellement immense que la Brigade celle-ci doit déployer la grande artillerie pour nettoyer la partie Est de tous les groupes armés qui l’écument. Après le M23, totalement mis en déroute, c’est le tour des rebelles ougandais de se retrouver dans le viseur de la force spéciale des Nations unies.

Depuis mercredi 25 décembre, les troupes de la Monusco ont été mises en état d’alerte maximale.

Des positions conquises quelques heures avant par les Adf-Nalu, notamment la localité de Kamango, à quelques kilomètres de la ville de Beni dans la province du Nord-Kivu, ont été pilonnées par les hélicoptères de la Monusco. La mission onusienne affirme suivre l’évolution de la situation sur le terrain – la brigade ayant d’ores et déjà reçu l’ordre de se déployer sur le champ des opérations.

Jusque-là, il n’y a aucune trace des éléments des Forces armées de la RDC, rapporte la Société civile de Beni.

La localité de Kamango est tombée aux mains des rebelles ougandais des ADF/ Nalu, confirme Radio Okapi, mercredi matin – les FARDC ayant décroché de cette localité aux environs de 6 heures locales, après une demi-heure de violents affrontements avec les rebelles.

Des sources locales, approchées par Radio Okapi, notent que les ADF/ Nalu auraient également occupé Bwisegha, une autre localité voisine de Kamango. Les mêmes sources soupçonneraient une présence des ex-rebelles du M23 aux côtés de rebelles ougandais des Adf-Nalu. Ce qui n’est pas étonnant, pour autant que plus d’un millier des ex-rebelles M23 se sont curieusement évaporés dans la nature, après la traversée de la frontière ougandaise. Que certains d’entre eux se retrouvent aujourd’hui dans les rangs de l’Adf-Nalu, l’hypothèse se justifie à tout point de vue.

Situation fragile

Le renforcement des positions des ADF-Nalu est observé depuis une semaine à Kikawa, Kitimba, Budinguya, Buvata et Ndama. Selon des sources locales, ces rebelles se renforcent en hommes et prennent position dans plusieurs villages, verrouillant tout accès.

Les ADF-Nalu ne cachent pas leur opposition à toute opération de traque et de désarmement. Un défi qu’ils lancent directement à la brigade de la Monusco et aux FARDC. Aussi s’activent-ils à conquérir des villages pour se servir de la population civile comme bouclier humain.

Visiblement, la situation sécuritaire demeure encore fragile dans la partie Est de la RDC. La déroute du M23 n’a donc pas résolu.

Au contraire, il n’a fait que déplacer le problème, le portant désormais plus au nord de la province du Nord-Kivu. Aujourd’hui, le problème du Nord-Kivu s’appelle l’Adf-Nalu. A la différence du M23, l’Adf-Nalu passe pour une nébuleuse et disposerait d’une capacité de nuisance sans pareil, s’appuyant, selon certains témoignages, sur l’apport des islamistes Shebabs somaliens.

La nouvelle offensive de la Monusco, lancée sur la localité de Kamango, vise à empêcher toute avancée des troupes de l’Adf-Nalu vers des positions plus avancées.

Dans la journée, la société civile du territoire de Beni redoutait l’avancée de ces rebelles vers Nobili, où sont concentrés environ cent cinquante mille civils ayant fui les affrontements de la matinée. De son côté, l’administrateur du territoire de Beni, Amici Kalonda, dit craindre « un carnage » à Nobili, si cette localité, vers laquelle se dirigent les rebelles, passe sous leur contrôle. Il demande aux autorités compétentes de s’impliquer face à la gravité de la situation.

« L’Ouganda empêche la population de traverser la frontière. Ils doivent se réfugier ou alors ils sont obligés de traverser la rivière la nuit pour atteindre l’Ouganda. L’ennemi s’est vraiment organisé. Il est tout près de Kikimbi où on a massacré beaucoup de gens. C’est le moment des opérations de grande envergure. Nous demandons de faire vite parce que la population souffre », a-t-il affirmé.

Difficile pour l’instant  de s’assurer d’une présence des FARDC. La Monusco a, dans un communiqué, condamné fermement l’attaque des ADF/Nalu contre les FARDC à Kamango, garantissant toute sa « solidarité agissante ».

Par la même occasion, la Monusco a confirmé son engagement à remplir avec efficacité le mandat lui confié par le Conseil des Nations unies au terme de la résolution 2098, essentiellement la neutralisation des groupes armés, dont les Adf-Nalu.

Il faut craindre un effet contagion

Mais, il ne faut pas oublier qu’au-delà des Adf-Nalu, d’autres groupes armés sont extrêmement actifs dans la province Orientale et le Katanga où les FRPI et les Bakata Katanga se distinguent  d’incessantes razzias.

A l’instar des Adf-Nalu, les Bakata Katanga passent également pour un mystère. A Kinshasa, on relativise encore, reléguant cette question épineuse dans la catégorie de simple fait de société. A ce jour, personne ne s’en émeut. Bien au contraire, certains s’arrangent pour protéger les Bakata Katanga. Qu’est-ce qui se cache derrière cette nouvelle milice armée ? Pourquoi entretient-on donc ce grand mystère ? Où sont finalement passés des éléments Bakata Katanga rapatriés à Kinshasa ? Autant de questions qui renforcent le doute sur la volonté réelle du gouvernement de neutraliser la grande menace que représentent ces groupes armés.

Ce qui vaut pour les Bakata Katanga l’est également pour les FRPI en Ituri. Aujourd’hui et comme toujours d’ailleurs, tous les regards sont tournés vers la Monusco qui, fort des prérogatives lui reconnues aux termes de la résolution 2098, dispose d’une large marge de manœuvre pour mener une action de grande envergure contre tous les groupes qui pullulent dans divers coins de la RDC.  L’on ne devrait pas occulter la l’incursion que les Bakata Katanga ont faite sur la ville de Lubumbashi le 23 mars 2013. N’avait-elle pas démontré sa capacité de nuisance ? Car, plus tard, soit pendant la tenue des assises des Concertations nationales, ce groupe armé avait encore fait de lui comme pour défier le pouvoir central.

Dans cette nouvelle offensive, les FARDC devraient prendre les devants au nom de la défense de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale. Mais au-delà, les instances compétentes devraient interpeller toutes  les personnes, à Kinshasa ou dans les provinces concernées, qui sont censées être de mèche avec ces groupes armés qui tuent leurs compatriotes pour des mobiles non élucidés jusqu’à ce jour. Il faut éviter à tout prix l’effet contagion.

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