M23 = KABILA + KAGAME
Se basant sur le dernier rapport de l’ONU sur de nouveaux recrutements du M23 qui se font au Rwanda et en Ouganda, Martin Kobler a déclaré au Conseil de sécurité que la Monusco ne laissera pas les rebelles reprendre leurs opérations dans le Kivu. Malgré le démenti de l’ambassadeur rwandais qui ne dément rien, Kinshasa doit rester vigilant et répondre du berger à la bergère aux élucubrations des ennemis du pays comme le fait si bien le ministre des médias Lambert Mende.
Le peuple congolais s’est délecté de la brillante victoire militaire des Fardc sur la rébellion de M23. Mais, en dépit de ce haut fait de guerre, nous avions écrit dans l’une de nos éditions antérieures que la République démocratique du Congo ne pouvait pas dormir sur ses lauriers. Car, en prenant la poudre d’escampette, l’ennemi s’est réfugié dans les deux pays voisins (le Rwanda et le Burundi) qui l’ont toujours aidé tant logistiquement, humainement que financièrement. Il n’a pas totalement capitulé. C’est du reste un secret de polichinelle.
Dans notre livraison d’hier, nous avons rappelé que ces deux pays cités, contrairement à la Rdc, n’ont jamais respecté l’Accord-cadre d’Addis-Abeba signé par les onze pays de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL). Cet Accord-cadre stipule, entre autre, que les pays signataires ne doivent pas s’immiscer dans les affaires d’autrui et surtout ne pas aider un quelconque mouvement rebelle tendant à déstabiliser le voisin. Mais, curieusement, personne ne le leur reproche. C’est comme si ils le font avec la complicité d’une certaine communauté internationale.
Le cri d’alarme de l’ONU est à prendre au sérieux
Pendant que se réunit à Luanda en Angola le Sommet de la CIRGL ce mercredi, le représentant spécial de l’ONU en RDC a affirmé lundi dernier devant le Conseil de Sécurité que « La Monusco ne laissera pas les rebelles du M23 reprendre leurs opérations et va poursuivre son offensive contre deux autres groupes armés ». Cette déclaration est consécutive à la publication du dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU sur le Congo, rapport selon lequel les recrutements se seraient poursuivis en faveur du M23 après sa défaite militaire.
Il faut rappeler que la Brigade d’intervention des Nations Unies a été d’un grand apport dans la victoire des Fardc sur le M 23 et l’ONU s’en est félicité. Le rapport laisse entendre que ce succès militaire n’est pas aussi complet qu’il y paraît. Car, ce lundi 13 janvier dernier, devant le Conseil de sécurité, Martin Kobler, le chef de la mission de l’ONU en RDC, a fait état « d’informations crédibles » selon lesquelles le M23 continue de recruter et redevient actif dans l’Est du Congo :
« Des sources crédibles font état de la poursuite du recrutement militaire après la signature de cette déclaration. Il y a aussi des sources crédibles qui font état d’une résurgence d’activités du M23 en Ituri, dans le nord-est du Congo.
J’en appelle au gouvernement congolais pour qu’il mette en application la déclaration de Naïrobi et qu’il accélère le processus de désarmement et de démobilisation des ex-combattants du M23.
Et j’en appelle également aux gouvernements du Rwanda et de l’Ouganda pour qu’ils fassent tout pour empêcher le M23 de se réfugier et de s’entraîner sur leur territoire. Nous n’allons pas tolérer une reprise des opérations du M23. »
La réaction « hypocrite » de l’ambassadeur rwandais au Conseil de sécurité L’ambassadeur rwandais a vivement réagi aux déclarations de Martin Kobler, en prétendant qu’elles sont des « allégations non vérifiées ». En plus, il a accusé ce dernier de « négliger les opérations contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr).
Réponse bu berger à la bergère : Martin Kobler a répondu que le démantèlement des FDLR est toujours une priorité, mais que ces petits groupes dissimulés dans une épaisse forêt vierge sont plus difficiles à traquer que le M23 qui s’apparentait à une petite armée, très structurée et très visible.
La réaction de l’ambassadeur rwandais est une larme de crocodile. Elle est hypocrite dans la mesure où le Rwanda, tout comme l’Ouganda, n’a jamais reconnu avoir aidé le M23 bien que plusieurs de ses officiers meurent sur le champ de bataille. Quelles autres preuves matérielles voudrait-on encore ? Nous avons toujours dit que la diplomatie du Rwanda était basée sur le mensonge, l’hypocrisie et la roublardise.
Pendant qu’il sait dans sa propre conscience qu’il est le parrain de M23, le même Rwanda prend part au Sommet de la CIRGL de Luanda dont l’objectif est d’évaluer les retombées dudit accord. Mais de qui se moque-ton ? C’est pourquoi, nous voudrions que Mary Robinson qui a fait une visite officielle de deux jours en Rdc aille dire ouvertement à Kagame et à Museveni de cesser leur double jeu que les Congolais ont compris depuis des lustres et qui déstabilise la région des Grands Lacs.
Kinshasa doit être vigilant et ouvrir le bon œil
La Rdc doit prendre très au sérieux le cri d’alarme des Nations Unies. Kinshasa ne doit pas être naïf ni dormir sur ses lauriers. Comme on dirait dans le langage sportif, Kinshasa doit oublier sa victoire militaire sur le M23 pour se pencher plus aux échéances futures.
Selon toute vraisemblance, le M23 est en train de se restaurer en Ouganda et au Rwanda. Des recrutements sont en train de se faire, parfois de force. Et ce, au mépris total des dispositions de l’Accord-cadre.
C’est pourquoi, Kinshasa doit faire preuve de vigilance accrue sur le plan tant politique, diplomatique que militaire. Des déclarations mensongères de l’ambassadeur rwandais devraient être suivies par des répliques piquantes et incisives, comme le fait si bien le ministre des Médias Lambert Mende. Bref, la République démocratique du Congo doit bien ouvrir l’œil et le bon pour qu’en cas de nouvelles attaques, les Fardc puissent réagir promptement avec le concours de la Brigade d’intervention des Nations Unies. Aussi la population doit être vigilante en dénonçant des éléments nuisibles qui peuvent s’infiltrer pour déstabiliser et démoraliser les gens.
Il est plus que temps d’attaquer les Fdlr
Après avoir vaincu le M23, il est temps que nos vaillantes Fardc s’attaquent aux autres groupes armés négatifs dont les Fdlr qui œuvrent en plein parc des Virunga depuis plus de deux décennies.
Pas plus tard que le samedi 11 janvier dernier, un garde-parc et trois rebelles ont été tués dans une attaque de rebelles des FDLR. L’incident a eu lieu à une dizaine de kilomètres au Nord de Goma dans le parc naturel des Virunga. Les rangers du parc effectuaient une simple patrouille au pied du volcan Nyiragongo. A leur approche, des rebelles des FDLR ont lancé l’attaque.
Pour la direction du parc des Virunga, cette attaque devait servir à empêcher les gardes de contrôler et sécuriser une zone où vivent des gorilles des montagnes. Une zone qui, pour les rebelles, sert avant tout de site clandestin de production de charbon.
Ce trafic, extrêmement lucratif, sert à financer les groupes armés de la région. Selon les gardes du parc, la vente de charbon rapporte plus de 30 millions de dollars par an.
Reste que cet incident rappelle l’extrême fragilité de la sécurité dans cette zone. Depuis 1996, 140 rangers sont morts en tentant de protéger le parc et ses habitants. Il montre également l’incapacité des Nations unies et de l’armée congolaise à neutraliser pour le moment cette rébellion présente dans la région depuis 20 ans.
[L’Avenir]
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