RDC: Gare à toute tentative de passage en force

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Joseph KABILA – President sortant de la RDC.

 

Le Congo-Kinshasa se trouve à un tournant de son Histoire. Les Congolais sont plus que jamais demandeurs d’une alternance démocratique conformément aux préoccupations exprimées par le pouvoir constituant originaire lors du référendum de 2005. “J’y suis, j’y reste!” semble être le message subliminal que le “raïs” et ses oligarques envoient au pays tout entier. Gare à toute tentative de passage en force. Les conséquences pourraient être désastreuses. Pour tout le monde.

 

Les activistes de la société civile du Katanga ont initié une pétition “pour faire échec” à la révision constitutionnelle permettant à “Joseph Kabila” de briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat. C’est un coup de tonnerre dans le ciel de la “Kabilie”.

 

A Lubumbashi, les pétitionnaires, par la bouche de Dieudonné Bin Masudi, assurent avoir déjà récolté plus de 100.000 signatures. Ils appellent “toutes les organisations” à mobiliser la population “pour que nous puissions ensemble préparer cette alternance démocratique dans notre pays”.

 

Coïncidence ou pas, cette nouvelle tombe “plutôt mal” à quelques heures de l’arrivée à Kinshasa d’un certain John F. Kerry. Dans une interview accordée à la “Voice of America”, le secrétaire d’Etat américain a déclaré qu’il entendait, lors de son passage à Kinshasa, déconseiller au potentat congolais de modifier la Constitution pour ses propres intérêts.

 

Intervenant sur le même média, l’ancien sous-secrétaire d’Etat US aux Affaires africaines, Herman Cohen, est allé plus loin : “Joseph Kabila n’a pas bien travaillé, il doit partir”. Pour lui, Paul Kagamé n’est certes pas un démocrate mais a permis à son pays de progresser au plan économique et social.

 

On peut gager que les “nationalistes de gauche” autoproclamés et autres opportunistes qui gravitent autour du “raïs” vont crier leur indignation suite à la “souveraineté nationale outragée” par les deux “Yankee”. Ne dit-on pas que l’ingérence se nourrit de la dépendance?

 

La symbolique

 

Le successeur de Mzee Laurent-Désiré Kabila et ses partisans seraient mal inspirés de se poser la légendaire question chère à ceux qui ne croient qu’aux rapports de force : “La Société civile du Katanga, combien de divisions?”. Pourquoi?

 

D’abord, la force de la symbolique. La province du Katanga est considérée, à tort ou à raison, comme étant le fief du pouvoir kabiliste. Natif d’Ankoro au Nord Katanga, en pays Luba, LD Kabila était un Muluba du Katanga ou Lubakat. “Joseph” lui a été proclamé “Mulubakat à 100%” sur un oukase du Grand Chef balubakat Kasongo Nyembo. C’était à quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2006. Il semble que l’homme du 26 janvier 2001 ne ferait plus rêver les ex-Shabiens. En cause, des promesses non-tenues. Le même reproche est entonné dans les autres régions.

 

Ensuite, en dépit de cet “adoubement”, “Joseph Kabila” s’est révélé incapable de tisser des liens avec la population tant au Katanga que dans les autres provinces. Lorsqu’il se rend dans l’ex-Shaba, l’homme évite tout contact avec les gens. Il reste cloîtré dans ses ranchs au Parc de Kundelungu ou sur la route de Kasumbalesa. Aux quatre coins du pays, les attentes de la population paraissent aux antipodes des priorités des gouvernants. C’est le cas notamment de la sécurité des personnes et des biens.

 

Ne touche pas à la Constitution

 

Contre-pouvoir social par excellence, l’église catholique au Katanga est loin d’être tendre avec le pouvoir kabiliste. Dans une lettre pastorale datée du 13 février 2014 intitulée “Pleurons avec ceux qui pleurent”, l’Assemblée épiscopale de la province ecclésiastique de Lubumbashi a littéralement tancé le gouvernement central pour son “attentisme” face aux exactions infligées à la population par les miliciens maï maï Ba Kata Katanga mais aussi pour l’”insécurité socio-économique” qui “amplifie la misère au sein de notre population”. Et de dénoncer, au passage, les «salaires pharaoniques» du personnel dirigeant et “la main noire qui manipule des jeunes gens transformés en tueurs impitoyables”.

 

Le coup de gueule des évêques de la capitale du cuivre et celui de la société civile du Katanga mettent à nu une réalité : “Joseph Kabila” n’a plus de fief. Il a retrouvé son état naturel d’OVNI politique. Etre vomi par les siens n’a jamais été de bon augure pour un politicien.

 

Dans la capitale, les représentants des forces politiques et sociales n’ont pas cessé de clamer tout le mal qu’ils pensent à toute idée de révision de la Constitution. La Conférence des évêques du Congo (Cenco) a mis en garde contre tout projet d’amendement de l’article 220 de la loi fondamentale.

 

Décidé à briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat, «Joseph Kabila» et ses acolytes semblent souffrir d’une sorte d’”autisme politique”. C’est quoi l’autisme? “Développement exagéré de la vie intérieure avec perte du contact affectif avec la réalité”.

 

Dans son discours prononcé le 23 octobre 2013, “Joseph” invitait les deux chambres du Parlement ainsi que le gouvernement à constater comme lui qu’”il y a lieu (…) d’entrevoir les modalités pratiques d’organiser les élections provinciales au suffrage universel indirect, afin de minimiser le coût des opérations électorales”. Enfermé dans ses certitudes, l’homme croit être toujours et encore le maître du jeu. Il a toutes les cartes en main.

 

Selon certaines indiscrétions, le “raïs” aurait confié à son frère “Zoé” le “marché” relatif à l’impression de tous les documents électoraux. Il faut dire qu’il n’y a pas eu d’appel d’offres. Le frangin du président aurait pour partenaire un Sud Africain nommé Robert Gumede.

 

L’humeur du moment

 

Les spécialistes en marketing politique ou en communication conseillent généralement aux candidats à une élection de ne jamais négliger un des éléments essentiels qui contribuent à la victoire. Il s’agit de ce qu’ils appellent l’”humeur du moment”. L’humeur n’est rien d’autre que les besoins ou les attentes des électeurs potentiels. Les mêmes spécialistes d’estimer que le candidat est le premier facteur qui fait gagner. A la condition que ses propositions et ses qualités correspondent de mieux aux… attentes de la population.

 

Questions : Quelle est l’humeur du moment des citoyens congolais ayant l’âge de voter? Les Congolais rêvent-ils de voir “Joseph Kabila” briguer un troisième mandat à la lumière d’un bilan aussi désastreux?

 

Dans son allocution prononcée le 23 octobre 2013, «Joseph Kabila» est resté incorrigible. Il invitait les deux chambres du Parlement et le gouvernement à constater avec lui la nécessité d’organiser les élections provinciales au “suffrage universel indirect”. Motif invoqué : “minimiser le coût des opérations électorales”. Un fallacieux prétexte. En réalité, ce mode de scrutin rend aisé la corruption des “grands électeurs”.

 

A Mbandaka, le secrétaire général du parti présidentiel, Evariste Boshab, enfonçait le clou en répétant à maintes reprises leur volonté de “conserver le pouvoir”. Et ce, “afin de pérenniser les actions de Joseph Kabila”. Lesquelles? L’orateur est resté muet.

 

Le Congo-Kinshasa se trouve à un tournant de son Histoire. Les Congolais sont plus que jamais demandeurs d’une alternance démocratique conformément aux préoccupations exprimées par le pouvoir constituant originaire lors du référendum de 2005. “J’y suis, j’y reste!” semble être le message subliminal que le “raïs” et ses oligarques envoient au pays tout entier. Gare à toute tentative de passage en force. Les conséquences pourraient être désastreuses. Pour tout le monde.

 

Baudouin Amba Wetshi

 

Published By www.KongoTimes.info

 

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