Léon Mugesera est cet universitaire rwandais qui est actuellement en jugement à Kigali après avoir été extradé du Canada où il vivait depuis 1992. Il est jugé pour un discours prononcé à Kabaya au Nord-Ouest du Rwanda en 1992 avant son exil au Canada. A l’époque, il était cadre du principal parti de la coalition gouvernementale, lequel gouvernement était alors en guerre contre la rébellion du Font Patriotique Rwandais (FPR) alors commandé par un certain…Paul Kagame et qui avait envahi le pays le 01 octobre 1990 venant d’Ouganda. Prenant la parole dans un contexte de tensions et de frustrations qui avait suivi l’attaque du chef-lieu de la préfecture de Byumba en juin 1992 et qui avait provoqué plusieurs morts et des milliers de déplacés parmi la population hutu, Léon Mugesera rappela que les assaillants étaient des descendants des Tutsi qui avaient fui la Révolution de 1959 et que les Hutu avaient laissé partir. Il mettait alors en garde ces combattants tutsi comme quoi s’ils continuaient leurs attaques meurtrières sur la population, les Hutu pourraient cette fois-ci les renvoyer dans leur mythique pays d’origine , à savoir l’Abyssinie et par voie express qu’est la rivière Nyabarongo, un confluent du Nil. Face aux pressions du FPR à travers les partis alliés qui composaient le gouvernement de coalition, Léon Mugesera dut s’exiler au Canada en décembre 1992. Entre-temps, la rébellion tutsi du FPR acheva la conquête de tout le pays en 1994. Le FPR devint parti unique de facto et entama la réécriture de l’Histoire du Rwanda. Le discours de Mugesera de 1992 qualifié à l’époque « d’incitation publique au meurtre » et comme tel punissable selon les dispositions du Code pénal, fut alors présenté par le nouveau régime « d’incitation au génocide ou de planification du génocide », crimes alors inconnus des lois rwandaises. Le crime d’incitation au meurtre étant susceptible d’être vite prescrit, il fallait inculper Mugesera de crime de génocide, celui-ci étant imprescriptible, et ainsi, tant que l’accusé sera en vie, pourra alors être poursuivi. Le pouvoir du FPR entreprit donc des démarches auprès des autorités canadiennes. Celles-ci cédèrent aux pressions et livrèrent Mugesera vingt ans après le discours dont il est accusé et qui désormais est qualifié d’acte de génocide qu’il aurait commis , même s’il est de notoriété publique que le génocide au Rwanda a eu lieu en 1994 soit deux ans après le départ de Léon Mugesera du pays. LIRE LA SUITE |