Rwanda: L’esprit de vengeance est encore vif

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La présence de ces combattants hutu dans le Kivu constituant un enjeu à multiples facettes pour les différents acteurs intéressés à l’Est de la RD Congo. Pour Kigali, ces Fdlr constituent un alibi permettant au régime rwandais de maintenir sa présence sur cette région riche en minerais. Avec la présence de la brigade d’intervention de la Monusco composée essentiellement des Tanzaniens et des Sud-Africains, le régime rwandais pressentent un danger à ses frontières depuis que le président Kikwete a décidé d’aider les Fdlr dans leur lutte pour l’ouverture des négociations avec Kagame. Kigali a donc intérêt à les voir partir le plus loin possible de ses frontières.

 

La Sadec, La CIRGL et la communauté Internationale viennent d’accorder un sursis aux FDLR. Ces rebelles rwandais qui campent à l’Est du Congo ont encore six mois pour se désarmer de manière volontaire. Pour peu que le FDLR se comportera « sagement » pendant cette période, aucune attaque armée ne sera lancée en son encontre par qui que ce soit. Venue en RDC pour aider les FARDC à traquer les différents groupes armés qui écument l’Est du Congo, la brigade d’intervention de la Monusco basée à Goma ne saura plus rien faire en attendant. Les FARDC aussi ne seront pas se passer de cette résolution prise en Angola.

 

Après plusieurs mois d’hésitation, l’opinion publique congolaise avait cru comprendre dans la récente déclaration faite par des Fdlr, de vouloir remettre les armes, une solution finale à ce dossier qui n’a que trop duré.

 

En l’absence d’une solukabila-kagame-museveni.jpgtion militaire qui tarde à venir, par une baguette magique, la direction des Fdlr décide, le 30/05/14, de remettre les armes à des endroits précis dans les deux Kivu tout en invitant la communauté internationale à jouer son rôle pour convaincre Kigali d’ouvrir les négociations. Une seule condition a été posé ces rebelles rwandais en attendant l’hypothétique ouverture des négociations avec Kigali: pas de DDRR (désarmement, démobilisation, rapatriement et réinsertion) pour eux mais plutôt obtenir leur relocalisation dans un autre endroit sécurisé. Un espoir naissait…

 

Dans la province du Sud Kivu (localité de Kigogo, groupement Lwindi en territoire de Mwengo), les Fdlr n’ont pu se rassembler pour remettre les armes, comme promis, à cause des problèmes d’ordre sécuritaire. Ils ont, par contre, tenu effectivement parole dans le Nord Kivu. A Kateku dans la localité d’Iremeya en territoire de Walikale (à environ 220 Km au nord de Goma), 105 combattants Fdlr se sont rendus avec 100 armes dont 12 armes lourdes. Ces combattants, pour la plupart jeunes et en bonne forme physique, ont été présentés, tous, comme des rwandais par le général-major Victor Biringiro. Ce président intérimaire des Fdlr a, devant les représentants du gouvernement congolais, de la Monusco, de la Sadec et des représentants de la société civile, déclaré que la remise de ces armes était aussi une manière d’attendre, de la part de la Communauté International, une pression sur le gouvernement de Kigali afin d’obtenir de lui l’acceptation d’un dialogue avec les Fdlr.

 

Sur 105 rendus, 97 ont été transférés par la Monusco à Kanyabayonga, au sud de Kateku à bord des camions de la Monusco. Suite à leur requête, ils devraient y être rejoints par leurs familles dans les 48 heures avant d’être éloignés vers la localité d’Irebu dans la province de l’équateur avec leurs dépendants. De ce lieu, ils pourront choisir de retourner au Rwanda ou de demander asile en RDC.

 

Non rassurés du bon déroulement de ce transfert, certains d’entre eux se sont éclipsés juste au moment de l’embarquement. Ils ont encore frais en mémoire l’arrestation de centaines de leurs collègues à Kamina en 2004 lorsqu’ils avaient décidé de déposer les armes.

 

Parmi ces éclipsés se trouvent des officiers connus comme le Colonel Wilson Irategeka, secrétaire exécutif ad intérim des Fdlr. En fait, ceux qui ont accepté de se rendre sont quelques officiers subalternes et des hommes de troupes non recherchés par la justice internationale. Les autres ont choisi de se cacher d’abord.

 

Certains analystes estiment que ce cinéma offert à l’opinion publique a pour but de justifier les ratés des derniers mois s’agissant de la traque des FDLR afin de calmer les critiques acerbes contre la Monsuco et les FARDC qui avait promis d’en découdre avec l’activisme des FDLR endéans six mois.

 

La réalité serait tout autre, la présence de ces combattants hutu dans le Kivu constituant un enjeu à multiples facettes pour les différents acteurs intéressés à l’Est de la RD Congo.Pour Kigali, ces Fdlr constituent un alibi permettant au régime rwandais de maintenir sa présence sur cette région riche en minerais. Avec la présence de la brigade d’intervention de la Monusco composée essentiellement des Tanzaniens et des Sud-Africains, le régime rwandais pressentent un danger à ses frontières depuis que le président Kikwete a décidé d’aider les Fdlr dans leur lutte pour l’ouverture des négociations avec Kagame. Kigali a donc intérêt à les voir partir le plus loin possible de ses frontières.

 

Chacun tire le drap de son côté ?

 

Pour Kinshasa, ces Fdlr sont des partenaires qui ont combattu l’influence rwandaise dans les deux Kivu. Il n’est pas facile de le laisser tomber du jour au lendemain. Face à la pression internationale, il faut trouver une astuce pour les éloigner pacifiquement des frontières Rwandaises quitte à les récupérer dans d‘autres régions comme supplétifs à l’armée congolaise : rôle qu’ils ont, selon certains observateurs, toujours assumé avec brio.

 

Pour les Occidentaux (essentiellement les Américains et leurs alliés), l’Est de la RD Congo est une région stratégique dans la sécurisation de la corne de l’Afrique. Il n’est pas question de le laisser entre les mains des autorités congolaises peu responsables et qui ne réalisent pas les enjeux de l’heure. Kigali et Kampala constituent actuellement les pays de front sur la ligne de défense des intérêts US dans la région. Il faut à tout prix sécuriser leurs frontières avec la RD Congo en supprimant tout danger pouvant provenir de ce voisin malade. L’une des étapes cruciales est l’éloignement des Fdlr capables de coaliser avec d’autres forces du mal dont la présence est déjà signalée dans les territoires de Haut et Bas Uélé (présence d’éléments arabes allies aux LRA détectés par la force Africom). LIRE LA SUITE

 

 

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