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Accord-cadre: Le régime de Kigali irrite Washington

Obamas-and-kagames

Les Etats-Unis ne sont pas contents de l’attitude du Rwanda qui ne se montre pas disposé à collaborer pleinement à la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Irrité, Washington l’a fait savoir à Kigali par le biais de son ambassadeur en RDC, James Swan. Il l’a appelé à revenir aux bons sentiments.  Cette mise en garde des Etats-Unis vaut également pour tous les pays signataires de cet accord, lesquels sont invités à accélérer la mise en œuvre du processus de paix dans la région des Grands Lacs.

Washington n’entend pas voir Kigali se mettre ni en marge ni en travers du processus de paix dans la région des Grands Lacs, tel que tracé dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba du 24 février 2013. C’est de Kinshasa où il sortait d’un entretien avec le coordonnateur du Mécanisme national de suivi de cet accord, François Muamba, que l’ambassadeur des Etats-Unis en RDC a dévoilé ce qu’il faut désormais considérer comme la position officielle de son pays en rapport avec l’attitude du Rwanda.

L’on se rappelle qu’après la rencontre de Sant’Egidio où ont été conviés des délégués de Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), Kigali a affiché ouvertement sa désapprobation allant jusqu’à menacer de quitter le processus tracé à Addis-Abeba.

Dans une lettre de protestation signée le 26 juin 2014 par son représentant permanent à l’ONU, Eugène Gasana, et adressée au président du Conseil de sécurité des Nations unies, le Rwanda avait également exprimé son indignation. Plus explicite sur le sujet, le chef de la diplomatie rwandaise, Louise Mishikiwabo, a dit sa honte de voir les Nations unies accorder une tribune aux délégués des FDLR, pourtant interdits de déplacement par le même système des Nations unies. « Ces individus et pays alliés à ces voyous qui ont commis le génocide au Rwanda en 1994 sont toujours à l’œuvre aujourd’hui, quelle honte », s’est-elle indignée.

Washington sort de ses gongs

Quelles  que soient les raisons avancées par Kigali, Washington n’estime pas que cela peut être suffisant pour qu’il se permette de mettre un frein au mécanisme de paix déployé dans les Grands Lacs. Les Etats-Unis promettent de ne pas tolérer pareil acte. C’est donc un avertissement qui vaut bien une mise ne garde sévère.

« Il faut que tous les signataires respectent leur engagement à travers l’accord-cadre de paix et de sécurité. Et c’est le message que nous communiquons à tous les acteurs, y compris les Rwandais », a déclaré sans détours l’ambassadeur des Etats-Unis en RDC. Quant aux menaces de retrait proférées par Kigali, il s’est voulu intransigeant. « Je crois qu’en ce qui concerne le Rwanda, la position des Etats-Unis est claire. Il a l’obligation de respecter ses engagements à travers l’accord-cadre d’Addis-Abeba. L’opinion est au courant que l’année dernière, les USA ont arrêté certains programmes de coopération avec le Rwanda, notamment dans le domaine sécuritaire. Ce, à cause de conclusions qui attestent que le Rwanda continuait à soutenir certains groupes qui embauchaient les enfants soldats », a dénoncé James C. Swan.

Le diplomate américain n’a pas exclu la possibilité pour son pays de prendre des mesures « disciplinaires » contre tout signataire qui irait à l’encontre des engagements pris à Addis-Abeba. Selon lui, cet accord est « le document phare qui nous oriente et oriente les différents acteurs dans la région des Grands Lacs vers la paix et la sécurité ».

Signé en février 2013 par onze pays africains sous l’égide des Nations unies, l’accord-cadre d’Addis-Abeba est censé poser les jalons d’une paix durable dans la région des Grands Lacs. Le texte prévoit des engagements par la RDC, tous les pays de la région de même que la communauté internationale.

Les signataires sont prévenus

Les déclarations de son ambassadeur en RDC prouvent, une fois de plus, à quel point Washington est impliqué dans la mise en œuvre du processus de rétablissement de la paix dans la région. La mise en garde au Rwanda est donc symbolique. Elle marque une rupture avec la politique d’autruche d’autrefois  lorsqu’il s’agissait d’incriminer le Rwanda dans son entreprise de sape des efforts de paix dans la région des Grands Lacs.

Washington vient de donner la preuve d’un profond changement dans sa politique dans la région. Désormais, le Rwanda ne sera pas sevré. S’en aperçoit-on à Kigali ? Difficile à dire au regard des réactions des dirigeants rwandais.

Toujours est-il que les signataires de l’accord-cadre d’Addis-Abeba sont prévenus. Washington les tient à l’œil et attend voir chacun d’eux respecter ses engagements.

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Principes de l’accord-cadre d’Addis-Abeba

Les principes énoncés à chacun de ces niveaux constitueront des engagements pris dans les domaines suivants :

Pour le gouvernement de la République démocratique du Congo, un engagement renouvelé à :

–    continuer et approfondir le réforme du secteur de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’armée et la police ;

–    consolider l’autorité de l’Etat, en particulier dans l’est de la République démocratique du Congo, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins ;

–    promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture de services sociaux de base ;

–    promouvoir la réforme structurelles des institutions de l’Etat, y compris la réforme des finances ; et

–    promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation.

Pour la région, un engagement renouvelé à :

–    ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres Etats voisins ;

–    ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés ;

–    respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats voisins ;

–    renforcer la coopération régionale, y compris à travers l’approfondissement de l’intégrité économique avec une attention particulière accordée à la question de l’exploitation des ressources naturelles ;

–    respecter les préoccupations et intérêts légitimes des Etats voisins, en particulier au sujet des sujets de sécurité ;

–    Ne pas héberger ni fournir une protection de quelque nature que ce soit aux personnes accusées de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, d’actes de génocide ou de crimes d’agression, ou aux personnes sous le régime de sanctions des Nations unies ; et

–    faciliter l’administration de la justice, grâce la coopération judiciaire dans la région.

Pour la communauté internationale :

–    le Conseil de sécurité resterait saisi de l’importance d’un soutien à la stabilité à long terme de la république démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs ;

–    un engagement renouvelé des partenaires bilatéraux à demeurer mobilisés dans leur soutien à la République démocratique du Congo et la région, y compris avec des moyens appropriés pour assurer la durabilité de ces actions sur le long terme ; et d’appuyer la mise œuvre des protocoles et  des projets prioritaires du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs ;

–    un engagement renouvelé à travailler à la revitalisation de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) et à soutenir la mise en œuvre de son objectif de développement économique et d’intégration régionale ;

–    une revue stratégique de la Mission de stabilisation de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) afin de renforcer son appui au gouvernement pour faire face aux enjeux d’ordre sécuritaire et favoriser l’expansion de l’autorité de l’Etat ;

–    la nomination d’un envoyé spécial des Nations unies pour soutenir les efforts  pour trouver des solutions durables avec un plan à plusieurs volets qui permettra la convergence de toutes les initiatives en cours.

[lePotentiel]
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