Des milliers de personnes ont pris part samedi à une manifestation organisée par le gouvernement burundais pour réclamer l’arrestation de l’ex-président Pierre Buyoya contre lequel a été lancé un mandat d’arrêt international pour son rôle présumé dans l’assassinat en 1993 de Melchior Ndadaye, premier président hutu démocratiquement élu du pays, a rapporté le média en ligne SOS Médias Burundi.
Cette manifestation rassemblant des membres du parti présidentiel Cndd-FDD, des conducteurs de taxi-vélos et de tricycles s’est terminée en fin de matinée à la place de l’Indépendance au centre de la capitale burundaise, Bujumbura.
Les manifestants ont lancé des slogans comme: “C’est Buyoya qui a tué Ndadaye, il doit être arrêté pour qu’il réponde de ses actes. Moussa Faki (le président tchadien de la Commission de l’Union africaine, ndlr) doit cesser de le protéger”.
M. Buyoya est l’actuel représentant de l’Union africaine (UA) au Mali, et l’une des personnalités africaines estimées et écoutées dans les forums internationaux.
Le major Buyoya, un Tutsi, avait été porté au pouvoir par l’armée en 1987. Il avait cédé sa place à Melchior Ndadaye, un Hutu, élu démocratiquement en juillet 1993. Il était ensuite revenu au pouvoir entre 1996 et 2003.
L’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre, le 30 novembre, intervenait une semaine après l’arrestation à Bujumbura de quatre hauts gradés tutsi de l’armée à la retraite, accusés d’être parmi “les auteurs” de l’assassinat de M. Ndadaye.
Des manifestations à Kirundo
Toujours selon SOS Médias Burundi, des manifestations similaires ont eu lieu à Kirundo (nord) – le fief du président hutu Pierre Nkuzunziza – et à Muyinga (nord-est).
A Kirundo, les Imbonerakure (les jeunes du parti Cndd-FDD) ont juré d’en découdre avec l’ancien président Buyoya, le Rwanda – voisin, désormais considéré comme “ennemi” et “principal facteur de déstabilisation” du pays -, le président du CNARED (la coalition de l’opposition en exil), Jean Minani, l’opposant Agathon Rwasa, l’Occident, l’UA, le facilitateur dans la crise burundaise et ex-président tanzanien Benjamin Mkapa ainsi que d’autres, présentés comme des opposants à M. Nkurunziza.
Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Il avait été réélu en juillet de la même année.
Les violences qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête.
Source: https://www.levif.be