Garde à vue de Nicolas Sarkozy, coup d’arrêt à son retour politique?

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Nicolas Sarkozy, rattrapé par les affaires.REUTERS/Stéphane Mahé

La garde à vue de Nicolas Sarkozy, une première pour un ancien président de la République française, tombe au plus mauvais moment.

L’ex-chef de l’Etat multipliait en effet ces derniers mois, les gestes et les paroles laissant entendre qu’il préparait son retour en politique. C’était sans compter sur l’enquête en cours pour trafic d’influence présumé qui vient chambouler son programme.

Nicolas Sarkozy est arrivé à 8 heures précises au siège de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) de la police judiciaire de Nanterre. Dans l’affaire sur laquelle enquête la PJ il s’agit de savoir si l’ex-président a tenté d’obtenir des informations auprès d’un magistrat de haut rang sur des procédures judiciaires pouvant le menacer.

Placé en garde à vue, Nicolas Sarkozy restera sous le feu des questions des policiers de l’Oclciff durant 24 heures, une période éventuellement renouvelable une fois. A l’issue de sa garde à vue, l’ex-président pourra soit être relâché sans poursuites, soit être présenté à un juge d’instruction qui décidera alors de sa mise en examen ou non.

Confrontations au plus haut niveau

Dans cette affaire, l’avocat et ami de l’ancien chef de l’Etat, Me Thierry Herzog est lui, en garde à vue depuis, hier lundi tout comme le magistrat Gilbert Azibert et Patrick Sassoust, avocat général à la chambre criminelle de la Cour de cassation. Leurs gardes à vue ont d’ailleurs été prolongées ce mardi ce qui permettra aux enquêteurs de confronter leurs versions avec celle de Nicolas Sarkozy.

Les soupçons qui valent à Nicolas Sarkozy cette mesure coercitive, sont apparus lors de l’ouverture d’une information judiciaire concernant le financement par la Libye de Kadhafi de la campagne présidentielle de 2007. Lors de l’enquête sur ce dossier, plusieurs protagonistes proches de l’ancien chef de l’Etat ont été placés sur écoute.

Au vu de ce que les enquêteurs découvrent, ils décident de placer Nicolas Sarkozy lui-même sous surveillance téléphonique. A-t-il été prévenu de ce développement ? Toujours est-il qu’il utilise pour communiquer avec Me Herzog, un téléphone dont l’abonnement a été pris au nom d’un certain Paul Bismuth…

Certains échanges entre l’ancien président et Michel Gaudin, ex-patron de la police nationale et ex-préfet de police de Paris, laissent supposer que les deux hommes ont cherché à obtenir des informations en contactant Gilbert Azibert en échange de la promesse d’une promotion de prestige à Monaco. Si cela est avéré, ces faits constitueraient une violation du secret d’instruction doublée d’un trafic d’influence. Pour cette dernière infraction, l’ex-président encourt jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.

Désir de retour de tous les instants

Si jamais Nicolas Sarkozy était mis en examen à l’issue de sa garde à vue, ce ne serait pas une première pour lui. Il a en effet déjà été sous le coup d’une telle mesure dans l’affaireBettencourt ; une procédure qui s’était soldée en 2013 par un non-lieu.
Mais la multiplication des affaires autour de l’ancien chef de l’Etat compromet un peu plus à chaque étape son retour dans l’arène politique.

Il a beau dire comme il l’a déclaré récemment à ceux qui le poussent : « Il va falloir que je m’y colle », en parlant de la présidence de l’UMP, étape incontournable avant celle de la France, chacun sait bien que pour lui c’est bien moins une obligation qu’un désir de tous les instants. Mais pour le moment, chaque jour qui passe le rend plus difficilement réalisable.

Si pour le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, « la justice doit aller jusqu’au bout », parce que Nicolas Sarkozy « est un justiciable comme les autres », cette sérénité est loin d’être partagée par ses amis. Mesurant à quel point la situation de l’ex-président est délicate, Valérie Debord (UMP) dénonce « une instrumentalisation de la justice contre un homme, contre le retour d’un homme ». Tout aussi offusqué, le maire UMP de Nice, Christian Estrosi sur son compte Twitter assure que : « Jamais on n’aura affublé un ancien président d’un tel traitement, d’un tel déferlement de haine ».

Source: rfi.fr

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