Vingt ans après les faits, les blessures sont toujours ouvertes au Rwanda. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire « Jeune Afrique », le président rwandais Paul Kagame a dénoncé le rôle de la Belgique et de la France « dans la préparation politique du génocide » contre les Tutsis qui a fait 800 000 morts et « la participation de la France à son exécution même ». Des accusations lourdes qui remettent encore en jeu la responsabilité de la France dans ce massacre. Décryptage avec André Guichaoua, sociologue spécialiste du Rwanda et témoin-expert du bureau du procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Le génocide du Rwanda a causé la mort de plus de 800 000 personnes, principalement des Tutsis massacrés par les Hutus. Photo: ICRC / Benno Neeleman / British Red Cross / flickr-cc
JOL Press : Que faisait la France au Rwanda à cette époque ?
André Guichaoua : La France s’est engagée explicitement au cours du mois d’octobre 1990 lors de la première attaque du FPR [Front patriotique rwandais, rébellion tutsie], après le retrait des troupes zaïroises et belges. D’octobre 1990 à août 1993, c’est-à-dire jusqu’à la signature des accords de paix d’Arusha, la présence de l’armée française a été constante. Elle est éventuellement intervenue en appui aux forces rwandaises lors d’offensives du FPR. […]