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L’enquête sur l’assassinat de Patrick Karegeya à Johannesburg le 31 Décembre 2013 redémarrera en Janvier 2019 et ce après 4 ans de blocage.

Bonjour à tous

Le Globe & Mail de ce jour annonce que l’enquête sur l’assassinat  de Patrick Karegeya à Johannesburg le 31 Décembre 2013 redémarrait … en Janvier 2019 et ce  après 4 ans de blocage.

https://www.theglobeandmail.com/world/article-south-africa-calls-inquest-into-murder-of-rwandan-dissident/

C’est une  mauvaise nouvelle pour Paul Kagame et seuls les esprits complotistes verront dans le redémarrage de l’enquête en Janvier 2019 une coïncidence avec le départ de Kagame de la présidence de l’UA.

Rappelons l’attitude du gouvernement Rwandais après l’assassinat de Patrick Karegeya, cf l’article du Globe & mail de ce jour :

“… The Kagame government gloated openly over the dissident’s death, saying that Col. Karegeya had suffered the consequences of his “betrayal” of his country. “When you choose to be a dog, you die like a dog, and the cleaners will wipe away the trash,” Rwandan defence minister James Kabarebe said. “

Rappelons les déclarations de  Madame Mushikiwabo qui, grâce au soutien actif du Président Macron, défendra à partir de Janvier prochain les valeurs de démocratie et de droits de l’homme de l’OIF avait déclaré à propos de l’assassinat de P. Karegeya   :

https://www.aljazeera.com/news/2016/06/rwandan-fm-mushikiwabo-denies-claims-rights-abuses-160610055651511.html

“…/…Mushikiwabo also commented on the alleged murder in 2014 of the exiled Rwandan intelligence officer Patrick Karegeya, who was found dead in his hotel room in Johannesburg.

The country’s defence minister, in response to the incident, had said: “When you choose to be a dog, you die like a dog”suggesting the government’s complicity in Karegeya’s death.

“Let me again put it this way: I don’t know anybody who betrays a country that gets rewarded,” Mushikiwabo said on the issue.

“Why should I be unhappy about my enemies and people who threaten…,” she adds.”She said Karegeya, who was allegedly killed while in exile despite never having been convicted of a crime, threatened Rwanda.

Interpellée sur Twitter par l’universitaire  Michael Deibert, Louise  Mushikiwabo a justifié ainsi l’assassinat de Patrick Karegeya :

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Patrick Karegeya représentait une réelle menace pour Paul Kagame, entre autres, par ce qu’il savait sur l’attentat contre l’avion du Président Habyarimana.

L’interview qu’il a donné à Sonia Rolley de RFI le 9 Juillet 2013 est particulièrement intéressante :

http://www.rfi.fr/afrique/20130708-patrick-karegeya-nous-savons-missiles-sont-partis

Vous accusez aujourd’hui le président Kagame d’être derrière l’attentat contre l’avion de Juvénal Habyarimana. Avez-vous des preuves de son implication ?

Si nous n’en avions pas, nous ne dirions pas ça. Evidemment, nous en avons. Nous ne spéculons pas. Nous ne sommes pas comme ceux qui essaient d’enquêter, qui disent que le missile venait de Kanombé (ndlr : camp militaire des FAR, l’armée rwandais de l’époque). Nous savons d’où les missiles sont partis, qui les a acheminés, qui a tiré. Nous ne spéculons pas. On parle de quelque chose que l’on connait.

Mais pourquoi ne le rendez-vous pas public ? Pourquoi les garder pour vous ?

Nous ne les gardons pas pour nous. Il n’y a pas eu d’enquête digne de ce nom. On ne veut pas livrer tout cela aux médias. Souvenez-vous que tout ceci aura des conséquences pour des gens. Les gens qui ont perdu leurs vies avaient une famille, des amis. Si je vous le dis, évidemment, vous allez le publier et ça ne va pas aider les victimes. Donc, on s’est toujours dit que ça devait se faire dans le cadre d’une enquête judiciaire, qu’on puisse dire dans ce cadre-là ce que l’on sait.

Le juge Trévidic ne vous a jamais contacté ?

Non, ces juges ne sont jamais venus vers nous. S’ils le font, nous le dirons ce que nous savons. Mais on ne peut pas leur forcer la main. S’ils souhaitent nous entendre, ils viendront. Et puis n’oubliez pas que ce sont des Français et que les victimes sont rwandaises. Donc on estime aussi que ce serait mieux si des Rwandais faisaient aussi ce travail… Mais ça, évidemment, ça ne pourra se faire qu’après le départ de Kagame. Nous n’espérons pas qu’il y ait une enquête judiciaire rwandaise pour le moment. Les Français ont pris la liberté de le faire, mais aucun d’eux n’est venu nous voir.

Est-ce que vous êtes impliqué dans cette attaque ?

Non, mais ça ne veut pas dire que je ne sais pas ce qui s’est passé.

Et vous n’occupiez pas un poste qui vous permettait d’empêcher cet attentat ?

L’empêcher ? Non, je ne m’y serais pas opposé. Il l’a décidé. Et je n’aurais jamais pu dire : ne le faites pas. Il était sûr de sa décision. Mais savoir, ça, oui, on sait.

Mais pourquoi abattre cet avion ?

Il croit que tous les opposants doivent mourir… Et à cette époque, parce que c’était Habyarimana, c’était un moyen de prendre le pouvoir. Habyarimana venait de signer un accord de partage du pouvoir, même s’il essayait de gagner du temps, ce n’était pas une raison pour le tuer. Il fallait suivre le processus et s’assurer qu’il aille jusqu’au bout. Beaucoup de gens disaient qu’il essayait de gagner du temps, je ne cherche pas à le défendre. Mais même s’il a commis des erreurs, il ne méritait pas de mourir.

Vous avez été chef des renseignements extérieurs pendant dix ans et, en 2004, vous avez été démis de vos fonctions. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

C’est le résultat d’une série de désaccords avec le président Kagame sur sa lecture du pays en termes de gouvernance, de droits de l’homme, à propos également de la situation au Congo… Ça a duré assez longtemps. A un moment, j’ai réalisé qu’on n’allait nulle part. Je lui ai demandé de me laisser faire ma vie, il a refusé. Trois ans après, il a fini par me jeter en prison. Pas une, mais deux fois. Donc il s’agissait de désaccords politiques, rien de personnel.

…/…

Pourquoi avez-vous fui le pays en 2007 ?

J’avais déjà testé la prison deux fois. Et j’ai été maintenu à l’isolement. Deux fois en deux ans. Quand je suis sorti, j’ai été amené au ministère de la Défense, j’ai été malmené par des officiers, or certains sont en prison aujourd’hui, d’autres ont des problèmes. Mais bon, le fait important, c’est qu’ils m’ont dit que Kagame allait s’occuper de moi définitivement. Ça en inquiétait tout de même certains. Ils m’ont dit que si je tenais à la vie, il fallait que je parte. Je n’avais pas de raison d’en douter. Donc je suis parti. Et en fait, c’était bien vrai. C’est qu’il a essayé de faire ici. C’est pour ça qu’on a tiré sur mon collègue (ndlr : le général Faustin Kayumba Nyamwasa). J’ai eu de la chance de m’en sortir sans aucune égratignure.

Rappelons que Patrick Karegeya avait dit à propos de l’immaturité, (pour ne pas être plus cruel …), du juge Trevidic et des magouilles dans l’enquête française d’alors :

« (…) Tout ce que fait votre juge (Trévidic) se trouve dans les médias, même les noms des témoins qui peuvent ainsi être retournés par Kigali ou assassinés ».

Charles Onana, “La France dans la terreur rwandaise”, éditions Duboiris, 2014 page 302

Bernard Lugan, ancien expert auprès du TPIR  en donne un  exemple très parlant  avec l’enlèvement le 13 Novembre 2014 d’Emilie Gafirita  à Nairobi :

” …/… Il devait s’envoler le lendemain pour la France afin d’y être auditionné par les juges anti-terroristes Trévidic et Poux qui enquêtaient sur l’assassinat de Juvénal Habyarimana, le président du Rwanda. Il n’a pas réapparu depuis.

 

Selon ses dires, Emile Gafirita aurait été l’un des membres du commando de l’armée de Paul Kagamé qui, depuis la frontière de l’Ouganda jusqu’à Kigali, aurait transporté les deux missiles qui, le 6 avril 1994, abattirent l’avion du président Habyarimana.

…/…

La passivité de la justice française devant les assassinats des témoins

​​Si toutefois il n’était pas fantaisiste, le témoignage d’Emile Gafirita allait donc peut-être permettre de faire avancer l’enquête.

Dans la procédure de réouverture d’instruction qui était alors en cours, la teneur de ce que le témoin-acteur allait dire aux juges était accessible à la Défense. Cette dernière informa ses clients de l’existence d’Emile Gafirita et de son prochain témoignage. Avocat de l’Etat rwandais  (Afrikarabia, 19 octobre 2016) et de 6 des 7 mis en examen, M° Léon-Lef Forster, dans un entretien avec la journaliste canadienne Judi Rever l’a reconnu:« J’ai informé les mis en examen, un avocat a l’obligation d’indiquer à ses clients où en est la procédure…il est parfaitement légitime que les clients soient informés des raisons pour lesquelles le dossier est ré-ouvert ».

 

http://www.digitaljournal.com/news/world/witness-in-french-inquiry-into-1994-rwanda-plane-crash-disappears/article/416372

 

A partir de ce moment, Emile Gafirita fut en danger de mort [5]. Dans ces conditions, il est pour le moins « insolite » que les juges français qui allaient l’interroger n’aient pas pris la précaution de le mettre sous protection. D’autant plus qu’Emile Gafirita se savait menacé et que, dans l’attente de sa convocation qui arriva le jour de sa disparition, il avait écrit par mail à son avocat, M° Cantier, qu’il souhaitait être entendu : «  le plus vite serait le mieux avant qu’ils ne me fassent taire à jamais ».

 

Emile Gafirita avait demandé à être entendu sous X avec le statut de « témoin protégé », ce qui ne lui fut pas accordé par le juge Trévidic. Et pourtant, comme l’a révélé plus tard Emmanuel Fansten dans Libération du 4 mars 2015, à la même époque, le juge Trévidic qui enquêtait sur l’attentat de la rue Copernic entendit sous X un ancien membre du groupe Abou Nidal.

 

Pourquoi une telle différence de traitement ? Le juge Trévidic justifia son refus d’entendre anonymement Emile Gafarita «  par le nombre conséquent de manipulations constatées dans l’instruction» (Jeune Afrique, 9 décembre 2014). Cette explication laisse pour le moins perplexe car le juge d’instruction a précisément parmi ses missions celle de faire le tri entre les éléments qu’il recueille. Dans tous les cas,  ceux qui enlevèrent Emile Gafirita ne partageaient  pas ses doutes…

 

Emile Gafirita qui vivait clandestinement depuis quelques semaines à Nairobi sous un nom d’emprunt fut donc laissé seul et sans protection dans une ville où, en 1996 et en 1998, avaient déjà été assassinés le colonel Théoneste Lizinde et Seth Sendashonga, deux très hauts responsables rwandais ayant fait défection. En privé, le premier prétendait avoir indiqué la ferme de Masaka comme le lieu le plus propice pour commettre l’attentat du 6 avril 1994 ; quant au second, ancien ministre de l’Intérieur, il détenait également bien des secrets sur les événements du mois d’avril 1994.

 

Dans cette dramatique affaire, comment qualifier autrement que par « insolite », l’angélisme ou la « légèreté » du juge Trévidic ? D’autant plus qu’après les meurtres « anciens », de Théoneste Lizinde et de Seth Sendashonga, d’autres, plus récents, avaient tragiquement montré que Kigali n’hésitait pas à faire assassiner quiconque était susceptible de parler au sujet de l’attentat du 6 avril 1994.

 

Le 9 juillet 2013, Sonia Rolley, journaliste à RFI, avait ainsi publié deux entretiens exclusifs avec deux des plus hauts responsables du régime de Kigali ayant fait défection et qui s’étaient réfugiés en Afrique du Sud. Il s’agissait du général Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major de l’APR (Armée patriotique rwandaise) qui, le 6 avril 1994, était le responsable du renseignement militaire, et du colonel Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements extérieurs du Rwanda de 1994 à 2004.

 

Ces deux très hauts dignitaires accusaient le général Kagamé d’être le donneur d’ordre de l’attentat du 6 avril 1994, et, depuis plusieurs années, ils demandaient, toujours en vain, à parler à la justice française. On se doit de rappeler à ce propos que le général Kayumba Nyamwaza était sous le coup d’un mandat d’amener du juge Bruguière et que refuser de l’entendre était donc « singulier ».

 

D’autant plus que les autres mis en examen avaient, eux, été  entendus à Bujumbura, au Burundi, par les juges Trévidic et Poux du 6 au 14 décembre 2010, et sans que les parties civiles n’en soient semblerait-il prévenues. Le quotidien Le Monde avait, à l’époque, relaté ce déplacement dans les termes suivants : « L’interpellation des personnalités visées s’étant révélée impossible, leurs avocats, Lev Forster et Bernard Maingain, ont négocié avec les juges ce curieux détour par Bujumbura ».

 

Pourquoi les juges Trévidic et Poux ne recueillirent-ils pas les témoignages du colonel Karegeya et du général Nyamwasa ? L’on nous dit que l’Afrique du Sud n’avait pas répondu à la demande française d’aide judiciaire. Certes, mais l’instruction avait tout de même les moyens de savoir s’il s’agissait ou non d’affabulateurs.

 

Dans tous les cas, pour le régime de Kigali il était clair qu’il ne s’agissait pas de mythomanes puisqu’il lança des escadrons de la mort à leurs trousses.

 

Le colonel Patrick Karegeya fut ainsi assassiné par strangulation le 31 décembre 2013, dans sa chambre d’hôtel à Johannesburg. Quant au général Nyamwasa, il échappa à trois tentatives d’assassinat dont l’une le laissa quasiment  pour mort, avec notamment une balle dans l’estomac.

[5] Le 18 novembre 2014, le professeur belge Filip Reyntjens, juriste spécialiste du Rwanda et expert devant le TPIR, écrivit à M° Bernard Maingain, avocat belge des mêmes officiels rwandais mis en examen par le juge Bruguière : « Si vous avez communiqué le nom de M. Gafirita, qu’on ne verra probablement plus, à vos clients rwandais, vous devriez avoir honte et votre conscience devrait être lourde »( cité par Jeune Afrique, 9 décembre 2014).

Fin de la citation

http://bernardlugan.blogspot.com/2016/12/emile-gafirita-abandonne-des-assassins.html

On notera que Chrysostome Ntirugiribambe qui hébergeait à Nairobi Emile Gafirita  alui – même été enlevé :

http://www.rfi.fr/afrique/20150710-kenya-ancien-enqueteur-tpir-disparu-depuis-deux-semaines

Il y a maintenant 4 ans que Emile Gafirita et Chrysostome Ntirugiribambe ont été enlevés et n’ont jamais réapparus. D’après certaine informations ils ont été torturés  au Rwanda et sont décédés.

 

Visiblement cette longue liste de témoins qui voulaient témoigner devant la justice française que Kagame était bien le commanditaire de l’attentat qui ont été assassinés  :  Seth Sendashonga, Théneste Lizinde, Patrick Karegeya, Emile Gafirita, etc. ou qui ont échappé à une ou plusieurs tentatives d’assassinats n’a pas ému outre mesure les magistrats français qui ont mené l’enquête à partir de l’arrivée de  M. Trevedic …

 

Et le Procureur qui vient de requérir un non – lieu le 10 Octobre 2018 n’a pas vu là la moindre corrélation entre ces assassinats par le FPR et la culpabilité  du FPR et de Kagame dans l’attentat.

Pas étonnant qu’Alain Juppé ait réagi de manière cinglante dans le JDD du dimanche 28 Octobre 2018 (voir PJ) , après avoir dit “qu’il lui était proprement insupportable d’entendre  que le gouvernement auquel il appartenu soit accusé d’être complice du génocide rwandais” :

“Nous sommes aujourd’hui en pleine réconciliation avec Kagame. Très Bien . La démocratie n’est plus à la mode. L’air du temps est à la dictature”.

Les oreilles de Jupiter ont du siffler

PS : on n’aura pas la cruauté de comparer la réaction du gouvernement français suite à l’abominable assassinat du journaliste saoudien Khashoggi en Turquie,

exemples :

https://www.20minutes.fr/monde/2360315-20181024-affaire-jamal-khashoggi-emmanuel-macron-pret-sanctions-internationales-apres-entretien-roi-saoudien

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/10/31/97001-20181031FILWWW00063-enquete-kashoggi-le-compte-n-y-est-pas-estime-le-drian.php

et le silence total sur les n assassinats d’opposants commandités par le nouvel ami de notre Président, Paul Kagame.

 

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