La pression militaire exercée par les FARDC sur les miliciens rwandais des FDLR, couplée aux appels incessants pour leur reddition, commence à porter des fruits. Plus d’une centaine de ces éléments, sans compter leurs dépendants, se sont déjà présentés au dispositif du DDRRR (Démobilisation, Désarmement, Réinsertion, Rapatriement, Réintégration) pour ce faire. Les services compétents, à savoir le Gouvernement congolais, le HCR et la Monusco s’activent, côté RDC, sans désemparer afin d’organiser, le mieux possible, le retour de ces éléments dans leur pays après 20 ans d’exactions en territoire congolais.
Sincères ou stratèges, les responsables des FDLR avaient déjà marqué leur accord pour le désarmement et le retour dans leur pays, mais ils l’avaient assorti d’une condition : dialoguer avec Kigali afin d’avoir la possibilité de poursuivre leur combat politique, cette fois-ci non armé. Ils l’ont répété hier à l’intention d’une délégation de la SADC qui s’est rendu sur terrain afin de suivre l’opération de leur rapatriement. Ils ont dit vouloir retourner dans leur pays par le processus de dialogue et pas celui du désarmement. Les membres de la délégation de la SADC ont promis de transmettre la demande de ces FDLR au secrétariat de cette organisation régionale pour accompagner le processus de leur reddition.
Les menaces de Kagame qui bloquent tout
Le principe du dialogue pour la pacification effective de la région des Grands Lacs est un acquis auquel les parties aux différents accords de paix doivent se plier. Si, en RDC, le Président Kabila y a fait droit en organisant les Concertations Nationales, il en est attendu de même de la part du Rwanda et de l’Ouganda qui, outre leur parrainage des pseudo-rébellions en RDC, comptent des compatriotes rebelles en territoire congolais. Il y a quelques mois, Jakaya Kikwete, Président de la Tanzanie, avait invité Kagamé et Museveni à dialoguer avec leurs opposants respectifs. Mal lui en pris, puisque le tyran rwandais en était allé jusqu’au bord de l’injure pour rejeter cette proposition.
Aujourd’hui encore, Paul Kagamé agite l’épouvantail des arrestations et des meurtres, manifestement, pour décourager les retours volontaires. Dans une récente déclaration, en effet, le Président rwandais a fait savoir qu’il n’hésiterait pas à arrêter ou, s’il le faut, à tuer tous ceux qu’il présente comme étant les ennemis du Rwanda, pour la simple raison que ce sont des opposants. Bref, Kagamé confond toujours sa propre personne et pouvoir tyrannique avec le Rwanda qui est un Etat identifié à travers son territoire et son peuple, notamment.
Et le plus choquant, dans tout cela, c’est le silence et la commisération de la communauté internationale qui fait pression sur la RDC pour le retour des FDLR, donnant l’impression qu’il s’agit d’une affaire congolaise. Pire encore, Russ Feingold, envoyé spécial des USA dans la région des Grands Lacs, est allé à l’appui de Kagamé lorsqu’il déclarait récemment que les auteurs des crimes de guerre qui se trouvent dans les rangs des FDLR devront en répondre. Une intervention qui tombait mal à propos au moment même de l’amorce du rapatriement des miliciens FDLR qui commençait déjà à déposer les armes.
Pascal Debré Mpoko | |