Par Patrick Mbeko
Les jours passent et ne se ressemblent pas toujours. Mais dans le cas de Martin FAYULU, les jours passent et se ressemblent. Les derniers événements confirment pour qui veut bien le voir que la montée en puissance du leader de LAMUKA semble irréversible. Nous ne sommes plus dans une logique électorale normale, mais bien dans une logique de défiance envers le régime et son système. Dans cette optique, les élections deviennent le moyen par lequel le peuple compte en finir avec le régime, et Martin FAYULU, qui a été désigné candidat commun de l’opposition, celui par qui ce désir ardent de changement doit se concrétiser. Tous ceux qui sont perçus comme les « amis » ou les alliés objectifs du pouvoir sont considérés comme des gens à
« abattre ». C’est dans cette optique qu’il faut comprendre ou interpréter l’hostilité que manifestent de plus en plus de compatriotes envers les deux leaders de CACH que sont Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, traités de « cons », «d’ignares» par le population de Béni.
Or Beni, qui a connu et continue de connaître des drames à répétition, n’a jamais été le fief de Martin FAYULU. Les leaders de CACH doivent tirer les leçons qui s’imposent, au lieu de s’enfermer dans une logique dogmatique qui ne dit pas son nom. Ce qui est inquiétant, c’est l’exacerbation des sentiments sectaires, pour ne pas dire « ethnicistes », de la part de ces derniers. Manipuler les esprits ou tenter de monter les Congolais de l’Est contre ceux de l’Ouest comme a tenté de le faire Vital Kamerhe à Bunia est un jeu extrêmement dangereux. L’exemple de nos voisins rwandais est encore frais dans les esprits pour tolérer ce genre de comportement.
Dans leur tentative de manipulation des esprits, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi ont laissé entendre que LAMUKA aurait demandé aux Mai-Mai de s’en prendre à eux, quitte à les tuer afin de provoquer le chaos dans tout le pays ! Selon le leader de l’UNC, l’information émanerait du service de renseignement militaire congolais. C’est à se demander pour qui roule le CACH ou à quoi joue-t-il? Depuis quand le renseignement militaire de ce pays se met au service d’opposants qui prétendent pourtant combattre la Kabilie ? Assistons-nous à une convergence de vues et d’objectifs entre la Kabilie et CACH dans l’optique de
«neutraliser» LAMUKA ? À chacun de tirer ses propres conclusions.
Et que dire de Félix Tshisekedi qui s’est présenté comme un chef tribal dans une interview accordée à un média de la place ? « Nous sommes capables de faire pareil (Ndla : utiliser la violence contre FAYULU et son mouvement) aux Kasaï, au Kongo Central », a-t-il lancé. Qu’est-ce que cela veut dire ? Les deux provinces du Kasaï seraient-elles devenues la propriété des Tshisekedi ? Félix a beau se présenter comme le candidat du peuple, mais le naturel revient au toujours galop. Où était-il quand les compatriotes du Kasaï étaient massacrés par des hordes d’assassins aux ordres de Kinshasa ? Et que dire du rôle joué par le renseignement militaire, qui semble renseigner le CACH, dans ces tueries ?
Il n’y a rien de plus diabolique que manipuler un peuple en instrumentalisant les identités ethniques à des fins politiciennes. À l’allure où vont les choses, il y a des raisons de craindre des affrontements sanglants entre les sympathisants de LAMUKA et les militants fanatisés de l’UNC et de l’UDPS. Les leaders de ces partis politiques doivent cesser de ruser avec le peuple et revenir à la raison.
Martin FAYULU n’est pas ma tasse de thé, mais l’honnêteté intellectuelle m’oblige à reconnaître qu’il a le soutien d’une partie importante de la population congolaise. Est-il à la hauteur des enjeux auxquels la République à démocratiser du Congo est confrontée ? Je ne le pense pas. Il se fie un peu trop à la communauté internationale et cela me dérange. Mais comme j’ai eu à le souligner, ce n’est pas ma petite personne qui compte ici; c’est le Congo et le peuple congolais. Et ce dernier estime que FAYULU est celui par qui devrait se matérialiser le « Kabila dégage » tant réclamé par nous tous. Si beaucoup ne comprennent pas son discours ambigu sur la MAV, la population congolaise, elle, semble le comprendre et ne cesse de répéter à qui veut l’entendre qu’elle ne veut rien savoir de cette machine. A-t-on oublié les propos des 80 000 Congolais rassemblés au Stade des martyrs et scandant en chœur « Toboyi machine à voter » ?
Deux visions s’affrontent au sein de l’opposition : la vision de ceux qui sont dans une logique électoraliste politicienne (CACH) et ceux qui sont dans une logique de défiance, pour ne pas dire de confrontation à l’égard du pouvoir (LAMUKA). Pour la plupart de nos compatriotes restés au pays, Martin FAYULU incarne et personnifie cette logique de défiance à l’endroit de la Kabilie. « TOKO VOTER YE NA NKO » (traduction littérale : « Nous allons voter pour lui tout exprès ») n’est pas un appel au vote, mais le cri de défiance d’un peuple déterminé à se payer un pouvoir méphistophélique venu d’on ne sait où. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe comprennent-ils seulement cela ? Il me semble que NON. Un verre de lait nsambarisé svp…