31/10/2013 à 17:55 Par Vincent Duhem, avec Laurent Touchard
L’armée congolaise menait, jeudi, une nouvelle opération militaire pour déloger les quelques centaines de combattants du M23 retranchés dans les collines proches de Bunagana. Selon une source à la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco), les combats sont entrés “dans une phase finale”. Retour sur le franc succès de l’offensive fulgurante menée depuis vendredi dernier par les FARDC et la brigade d’intervention de l’ONU.
Vendredi 28 octobre. Au petit matin, les hostilités reprennent au sud de la ligne de front sur la colline de Kanyamahoro, à moins d’un kilomètre de Kibumba (ancien poste avancé de l’armée avant la prise de Goma, en novembre 2012, à 25 km au nord de la capitale du Nord-Kivu). Durant les mois précédent, le M23 y avait considérablement renforcé ses positions. C’est donc là que les affrontements sont les plus intenses.
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Dans le même temps, les FARDC, parfois assistés de la brigade d’intervention de la Mission des Nations unies en RDC, lance des offensives plus au Nord, avec pour but d’encercler les éléments du Mouvement du 23-Mars (M23). L’armée congolaise se déploie sur deux axes : autour de Rumangabo (seule) et de Rutshuru (avec l’appui de la brigade d’intervention). En tout, trois fronts sont ouverts. En quatre jours, le M23 est délogé de ses positions clés. Samedi, Kibumba tombe après d’intenses combats. Dimanche, c’est autour de Kiwanja et de Rutshuru d’être abandonnées par les rebelles. Lundi, Rumangabo, base militaire importante, est reprise, puis Bunagana, mercredi.
Avancée des FARDC sur le terrain
Les deux hommes clés du redressement des FARDC
On avait quitté une armée congolaise démoralisée par la prise de Goma en novembre 2012. Force est de constater qu’un an après, les FARDC se sont considérablement réorganisées. Pour beaucoup d’experts, le mérite revient notamment à deux hommes : le nouveau commandant de 8e région militaire du Nord-Kivu, le major-général Lucien Bahuma Ambama (nommé en juin 2012) et le lieutenant-général François Olenga, chef d’état-major de l’armée de terre depuis décembre 2012. “Ces deux hommes ont fait plus attention à ce que la logistique soit acheminée au bon endroit, que les salaires soient payés sans retard”, explique sur son blog Jason Stearns, chercheur au Rift Valley Institute.
Nommé en remplacement du controversé général Amisi, Olenga est un proche du président Joseph Kabila. “Il a le sens de la communication en temps de guerre. C’est aussi quelqu’un qui a du caractère. Cela peut faire douter l’adversaire et regonfler le moral des troupes”, soulignait un analyste congolais après sa nomination. De son côté, le général Bahuma restructure le commandement militaire du Nord-Kivu et y place des hommes de confiance. Ainsi, la discipline au sein des unités s’est améliorée, pendant ou entre les opérations militaires.
Nouvelles unités
Des formations aux droits de l’homme ont également été organisées. Surtout, plusieurs nouvelles unités sont mises sur pieds. Les 321e et 322e Bataillons URR – Unités de réaction rapide – ont ainsi été formés par des instructeurs belges. Ces unités commandos de la nouvelle force de réaction rapide de l´armée régulière sont sous le commandement du colonel Mamadou Moustafa Ndala. Déterminé et efficace sur le terrain, cet officier trentenaire, natif de Watsa (Province orientale), incarne le renouveau opérationnel des FARDC.
Reste la question du renseignement. Il y a quelque mois, les officiers congolais se plaignaient d’être mal orientés, piégés par des rumeurs. Désormais, ils savent où frapper un ennemi sur lesquels ils ont plus d’informations. Le ras-le-bol d’une partie de la population contre la présence rebelle peut en partie expliquer cette amélioration. Mais, si aucune preuve tangible ne permet d’étayer cette supposition, il y a fort à parier que l’armée congolaise a pu bénéficier des moyens de surveillance onusien.
La brigade d’intervention
Loin du temps où le président ougandais Yoweri Museveni accusait l’ONU de faire du “tourisme militaire” en RDC, l’apport de la Monusco et des 3 069 hommes de sa brigade d’intervention est un élément clé pour expliquer le succès de l’offensive.
Pour la première fois, la brigade était au complet – le dernier bataillon d’infanterie du Malawi étant arrivé en octobre. Avec eux, des Casques bleus de Tanzanie et d’Afrique du Sud. “Ils ont davantage le souci de nous aider que les Uruguayens et les Indiens, qui ne viennent pas du même continent que nous”, explique un lieutenant-colonel des FARDC cité, jeudi, par le quotidien français Libération.
Dès vendredi, la brigade se positionne en soutien des FARDC sur les fronts Sud (Kibati) et Nord (Rutshuru et Kiwanja). L’apport des hélicoptères onusiens MI-8s et MI-26s y ont été primordiaux pour prendre les collines tenues par les rebelles.
La présence de la brigade a aussi eu un effet psychologique indéniable, auprès des FARDC comme du M23. De plus, les soldats congolais ont pu bénéficier des rations de l’ONU.
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Par Vincent Duhem, avec Laurent Touchard
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