Joseph KABILA – President sortant de la RDC, Goma 2011
C’est un séjour historique que Joseph Kabila aura passé à Kisangani depuis mercredi dernier. Parti pourtant pour une mini-tournée de travail, le Président de la république s’est subitement retrouvé au milieu d’une foule de compatriotes en liesse. Dès l’aéroport il a été littéralement envahi à partir de l’échelle de coupé pour être accompagné en triomphe vers la ville. Depuis qu’il séjourne à Kisangani, cette ville connaît une ambiance festive spontanée. Des scènes de danses publiques, des partages, jusqu’aux heures tardives, de la bonne bière congolaise, etc. les Boyomais saluent, à la manière qui leur est typique, le rôle que le Commandant suprême des FARDC a joué dans la déroute de l’agression rwando-ougandaise sous le label du M23. Les Boyomais de Singa Mwambe reconnaissent en lui ce héros qu’une certaine opinion voulait diaboliquement enfermer dans les placards de l’oubli.
Le Président de la République Démocratique du Congo a effectué une mini-tournée de travail dans l’est du pays. Une première depuis que le succès militaire des Forces armées de la Rdc (Fardc) sur l’ex-rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) qui ont occupé une partie du territoire pendant plus de 20 mois. C’est dans le cadre de la consolidation de son action salvatrice pour ses compatriotes que Joseph Kabila Kabange séjourne à Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale, où il est arrivé le mercredi 20 novembre dernier, en début de soirée. D’où l’accueil qui lui a été réservé par les filles et fils de la province d’espoir.
Dans cette province, le Chef de l’Etat est allé s’imprégner de l’état actuel des infrastructures routières. Il s’agit des routes de desserte agricoles et de la nationale n°4 qui relie Kisangani à Goma, en passant par Beni et Butembo, qui serait en état de délabrement assez avancé. Il va également se rendre compte de l’état d’avancement du processus de reddition et/ou désarmement des milices locales. Surtout du risque que représentaient les rebelles ougandais de l’Armée de résistance du seigneur (Lra) qui sévissaient dans le district de l’Ituri.
Aux dernières nouvelles, cette force négative s’est retranchée dans une jungle centrafricaine aux frontières avec l’Ouganda et la Rdc, laissant en RDC des éléments résiduels toujours nuisibles. Et son chef Joseph Kony qui est souffrant serait entrain de négocier les conditions de sa reddition avec le gouvernement de Bangui.
De la Province Orientale au Nord-Kivu
Après la Province Orientale, le Raïs fera un cap sur le Nord-Kivu. Là, c’est plus qu’une visite d’inspection. Joseph Kabila va singulièrement consoler et réarmer le moral des populations meurtries des localités récemment libérée. Il ira ainsi rassurer celles qui hésitent encore de regagner leurs milieux de vie habituelles. Surtout, en sa qualité de garant de la souverainement et de l’intégrité territoriale de la RDC, le Chef de l’Etat va mettre en place un plan de cohésion entre les populations locales, de relance économique et de développement de la province qui a été longtemps martyrisée.
C’est pour cette raison précise que la majeure partie de l’administration ainsi que du commandement des forces armées et de sécurité ont pratiquement déplacé leur quartiers généraux vers cette partie du pays. Du coté gouvernemental, le ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Affaires Coutumières a conduit une délégation interministérielle, forte des sept ministres, au chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
L’objectif de la mission gouvernementale était d’évaluer les défis de stabilisation, de pacification et de relance économique, et de reconstruction à relever. « Nous sortons d’une période de dures épreuves grâce surtout à la détermination de nos forces armées », a reconnu le ministre de l’intérieur, avant de souligner que : « Il y a dans cette province des défis de stabilisation, de pacification et de relance à relever ».
Des actions concrètes sont déjà entrain d’être posées
Dans l’entre temps, des actions concrètes sont déjà entrain d’être posées sur le terrain. Depuis son arrivée au Nord-Kivu, la délégation gouvernementale s’emploie à poser des actes et à annoncer des mesures concrètes qui feront ressentir aux populations le vrai sens du retour à la paix. Il s’agit, notamment, de l’annonce de la mesure sécuritaire qui, pour le ministre de l’intérieur est prioritaire. Elle consiste au déploiement des éléments de la Police nationale congolaise (Pnc) qui doivent remplacer les Fardc dans toutes les zones jadis occupées par la rébellion du M23 afin de sécuriser la population et leurs biens. C’est désormais chose en cours de réalisation.
Le rétablissement effectif de l’autorité de l’Etat et la sécurisation des personnes et des biens dans cette partie du Nord-Kivu, longtemps contrôlée par le M23, passe également par l’instauration d’une justice équitable. Le Gouvernement en a conscience et s’y attèle déjà. C’est ainsi qu’un tribunal de paix a été officiellement installé pour la première fois lundi 18 novembre à Rutshuru. Cette juridiction civile, la 6e de la province après ceux de Walikale, Masisi, Lubero, Butembo et Beni, vient prendre en charge les problèmes de conflits fonciers et autres matières civiles.
Sur le plan de l’éducation, la vice-ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (Epsp), Magguy Rwakabuba, a annoncé le mardi 19 novembre à Goma « la réhabilitation d’urgence de cinquante écoles primaires et secondaires » qui ont été répertoriées par le Gouvernement. Il s’agit essentiellement des écoles de territoires de Nyiragongo et de Rutshuru, qui avaient été, soit détruites, soit pillées lors de la guerre.
Ce n’est que ce jeudi 21 novembre que la délégation du gouvernement central et les membres du Parlement congolais, en mission dans le Nord-Kivu, sont arrivés pour la première fois dans la cité de Kiwanja, en territoire de Rutshuru, depuis sa reprise au M23 par les Fardc, il y a deux semaines. Ils ont apporté, dans leurs bagages, notamment du matériel aratoire, soit 10 mille houes, et 12 tonnes de médicaments.
Réconciliation et cohabitation pacifique
Autant d’efforts de la part de l’administration centrale qui, au nom du Chef de l’Etat, tient à redonner espoir aux populations des territoires de Rutshuru et Nyirangongo qui ont été meurtries pendant près de deux ans. La tâche revient maintenant aux autorités locales qui se doivent de garantir la paix sociale entre les populations pour éviter les risques de dégradation de la situation suite aux conflits fonciers et interethniques, caractéristiques des zones post-conflits.
Aussi, le risque de règlements des comptes de la part des populations vis-à-vis de ceux des leurs qui auraient collaboré, d’une manière au d’une autre, avec les forces négatives est grand. Intervenant ce matin sur les ondes de la Voix de l’Amérique, l’administrateur du territoire de Rutshuru, qui a été récemment réinstallé après l’éradication de l’ex-rébellion du M23, a affirmé avoir instruit tous ses administrés que « personne ne soit inquiété pour avoir collaboré avec le M23. » Il a insisté sur le fait que « des gens qui occupent des postes au niveau coutumier du fait de l’imposition des ex-rebelles puissent laisser la place aux ayant droit pour faciliter la réconciliation et la cohabitation pacifique ».
[avec Pascal Debré MPOKO, Jean-Luc MUSHI-MPAKU]