Etienne TSHISEKEDI – Raleigh, USA, Oct 2010
Ce n’est pas à tout bout de champ qu’il se prononce sur une question monopolisant l’actualité. Le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) est sorti de sa léthargie à l’occasion de la visite de trois ambassadeurs occidentaux. En fait, ces diplomates sont allés sonder le « lider maximo » sur sa position face au débat sur la révision constitutionnelle, spécialement l’article 220 sur le mandat présidentiel en RDC. Là où on aurait dû s’attendre à ce qu’il développe la langue de bois, voilà qu’Etienne Tshisekedi se montre aussi loquace que les débatteurs des chaînes de télévision. Rentrée politique maquillée ou simple opportunité de délier sa langue ?
Les yeux des combattants sont sortis de leurs orbites. A l’issue de ses entretiens avec les trois visiteurs de marque, Etienne Tshisekedi, contrairement à ses habitudes, s’est confié à la presse en répondant sans tabou et sans ambages à toutes les questions brûlantes de l’heure. Un évènement inattendu lorsqu’on connaît le mythe qui entoure sa personnalité. La rencontre des membres de la Majorité présidentielle à la ferme de Kingakati, le Gouvernement de cohésion nationale attendu depuis environ six mois, le naufrage des Congolais au lac Albert … Bref, il n’a évité aucune question. Même ses interlocuteurs qui s’apprêtaient à quitter la résidence de Pétunias n’en croyaient pas leurs oreilles.
REVISION CONSTITUTIONNELLE OUI, MAIS PAS AVANT 2016
La question sur la révision constitutionnelle semblait être la plus attendue pour Etienne Tshisekedi. « Oui, je suis pour la révision constitutionnelle et je la soutiens de tout mon cœur. Mais, pas dans le contexte actuel, parce que moi qui ai gagné la présidentielle de 2011, je n’ai pas encore eu l’effectivité du pouvoir. Alors que c’est depuis plus de deux ans que j’attends la remise et reprise avec le président sortant qui cherche à recourir aux manœuvres dilatoires pour se maintenir au pouvoir sous la barbe du peuple. On doit mettre un terme à ce genre de tricherie si l’on veut tendre vers un Etat de droit. Donc, révision constitutionnelle oui, mais en tout cas pas avant 2016 », tranche-t-il.
Quant au Gouvernement de cohésion nationale, « Tshikas » ne cache pas son étonnement. « Comment peut-on parler de cohésion nationale alors que le véritable président de la République n’est pas encore entré en fonction ? Quelle cohésion prétend-t-on réaliser en contournant un peuple qui s’est clairement prononcé en 2011 ? En fait de cohésion, ce sont juste quelques ennemis du peuple qui veulent se mettre ensemble pour consommer l’argent de l’Etat et s’en servir pour tromper la vigilance du peuple lors de prochaines échéances. C’est pourquoi, ces ennemis du peuple soutiennent la démarche d’une révision constitutionnelle avant 2016. Mais, ça ne passera pas ».
NI MATATA PONYO, NI AUBIN MINAKU, ENCORE MOINS MUKOKO
Mais, qui de Matata, Minaku et Mukoko ferait un bon Premier ministre actuellement pour la RDC ? Pour Etienne Tshisekedi, ni Augustin Matata Ponyo, ni Aubin Minaku, encore moins Daniel Mukoko Samba. « C’est moi qui dois nommer le futur Premier ministre au nom de la cohésion nationale et non quelqu’un d’autre. Matata, Minaku, Mukoko et autres ne sont que des hommes de Kabila. Le peuple a besoin de son Premier ministre, c’est-à-dire celui nommé par le véritable chef de l’Etat, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Le reste n’est qu’une usurpation de pouvoir, une de plus. C’est pourquoi, l’UDPS continuera la lutte aussi longtemps que durera la tricherie au Congo ».
« L’homme de la 10ème rue Limete » invite les membres de la Majorité présidentielle, de l’Opposition politique et de la Société civile à lui faire confiance, car la victoire est proche. « D’ailleurs, ce n’est pas la Communauté internationale qui donne le pouvoir à un individu, mais bel et bien le peuple. Et lorsqu’il s’est prononcé, il faut respecter son choix », indique le « lider maximo » de l’UDPS.
Quant aux prochaines échéances électorales, il en conditionne la tenue effective au départ de Malumalu, le président de la Commission électorale nationale indépendante qui « ne rassure personne, ni le peuple, ni les acteurs politiques pour avoir orchestré la victoire de Joseph Kabila en 2006 ».
LE GOUVERNEMENT EST RESPONSABLE DE LA MORT DE 251 CONGOLAIS
Le naufrage ayant causé la mort de 251 Congolais au lac Albert n’a pas échappé à la vigilance de Tshisekedi. Pour lui, « c’est le Gouvernement qui est responsable de la mort de 251 Congolais pour n’avoir pris aucune disposition pour assurer leur retour ».
Mais, le Gouvernement était-il au courant de leur retour ? « Quand même, 251 personnes ne se déplacent pas sans avoir exprimé, au préalable, le besoin et le Gouvernement ne pouvait pas ne pas être courant à travers notre ambassade en Ouganda ! Sinon, la faute serait encore plus grave là où condamne facilement le Haut Commissariat des Nations unies aux refugiés ». Reconnaissez que vous avez admiré ce gros poisson d’avril.
[M. M.]
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