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RDC: Victoire des FARDC sur le M23, l’allemand Martin Kobler, l’homme clé

La République démocratique du Congo domine l’actualité africaine. Il faut dire qu’avec un Allemand à la tête de la Monusco, les médias allemands s’intéressent encore plus à ce qui se passe dans l’est de la RDC.

Martin Kobler, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est en passe de devenir une star dans les médias allemands. A propos des derniers combats dans le Nord-Kivu, et la défaite du M23, l’hebdomadaire Der Spiegel va même jusqu’à titrer :”La guerre de Martin Kobler”. Pour la première fois depuis un an et demi, écrit le journal, on peut emprunter la route nationale 2, celle qui va de Kiwanja à Rutshuru, sans crainte d’être pillé, violé, ou tué. Car, pour la première fois souligne le Spiegel, l’ONU mobilise une véritable brigade de combat, sous le commandement d’un pacifiste allemand. Martin Kobler, 60 ans, est un diplomate de carrière, c’est aussi un Vert et un pacifiste qui a travaillé au ministère allemand des affaires étrangères du temps de Joschka Fischer, lorsque l’armée allemande a été engagée dans ses deux premières guerres, celle du Kosovo et de l’Afghanistan. Mais, souligne Martin Kobler dans le Spiegel: des opérations militaires ne servent à rien si ensuite nous partons et que les mêmes milices reviennent sur place. Son objectif n’est donc pas de pacifier d’un seul coup de vastes portions du territoire mais de créer d’abord des îlots de stabilité.

Pas seulement un Allemand… mais deux

Un autre journal, die tageszeitung, écrit même que deux Allemands ont sauvé Joseph Kabila. Le premier, c’est Martin Kobler. Le second a un nom bien congolais. C’est François Olenga, le nouveau chef de l’armée congolaise (ndlr: chef des forces terrestres), nommé après la chute spectaculaire de la ville de Goma aux mains du M23 en novembre 2012. Alors pourquoi Allemand? Eh bien parce que, explique le journal, ce fils d’un compagnon de lutte de Patrice Lumumba a vécu pendant des années en exil à Cologne et parle couramment l’allemand. Il est en train de vivre son deuxième printemps, conjointement avec Martin Kobler. Lequel, souligne le journal, se comporte en véritable général. Il rend visite, sous l’oeil des caméras, à des soldats blessés, il se fait acclamer dans les zones libérées. On en arriverait à oublier que le Congo a un président. Jusqu’à présent Joseph Kabila ne s’est pas montré dans l’est du Congo. Mais si, pour die tageszeitung, les deux Allemands ont sauvé Kabila, une question demeure, note le journal: qui sauvera le Congo, un pays qui occupe une place centrale en Afrique mais qui se classe au dernier rang selon l’indice de développement de l’ONU. La majorité des 70 millions de Congolais vit dans une pauvreté extrême.

Si riche et si pauvre

Pauvres dans un pays immensément riche en ressources naturelles. C’est ce que rappelle aussi cette semaine la presse allemande en évoquant le pillage des minerais dans l’est du Congo. Des minerais utilisés dans nos smartphones, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung qui consacre toute une page à ces richesses qui ont pour nom coltan, cassitérite, or, diamants ou bois précieux. Les habitants de l’est du Congo, écrit le journal, vivent depuis des années dans un enfer indescriptible alors que cette région pourrait être un paradis. Il est connu depuis longtemps, poursuit le journal, que d’immenses quantités de matières premières congolaises sont exportées principalement vers l’Asie via le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda et la Tanzanie. Selon l’ONG Enough, le trafic d’or congolais a rapporté un demi milliard de dollars aux rebelles de l’est du Congo soutenus par le Rwanda. Et le journal d’expliquer ensuite le peu d’impact de la loi américaine adoptée en 2010, loi qui oblige les sociétés américaines à n’utiliser que des matières premières qui ne servent pas à financer des groupes armés au Congo. Rémy Kasindi, fondateur du Cresa, une petite organisation qui étudie le commerce des minerais et les flux financiers, explique pourquoi: depuis l’adoption de cette loi américaine, les firmes n’achètent plus le coltan au Congo mais dans les pays voisins. Les minerais, considérés comme sales chez nous, s’indigne Rémy Kasindi, deviennent subitement propres dès qu’ils ont été passés en contrebande de l’autre côté de la frontière. Ce ne peut pas être une solution.

L’Afrique, un géant méconnu

On termine par ce qui ressemble à une leçon de géographie. La presse allemande apprend à ses lecteurs, ou en tout cas la plupart d’entre eux, que le continent africain est infiniment plus grand que ce qu’ils voient sur les cartes. “Le géant noir”, titre la Süddeutsche Zeitung. La carte du monde nous est si familière, écrit le journal, que la plupart des gens pourraient en esquisser les contours. Beaucoup pourtant commettraient une erreur car le continent ventru situé au sud de l’Europe, est infiniment plus grand qu’on ne le pense. Plus grand que la Chine, les Etats-Unis, l’Inde et une grande partie de l’Europe réunis. Sans doute y-a-t-il plusieurs raisons au fait que le poids géographique de l’Afrique échappe à la plupart des humains. L’une d’entre elles, explique le journal, est que la plupart des cartes mondiales sur lesquelles les continents sont placés sur un rectangle horizontal conservent les angles, mais pas les superficies, ceci pour que les points cardinaux entre différents endroits soient justes. Lors du transfert de la carte du monde, d’un globe sur un planisphère, les pays du nord comme le Canada et le Groenland gagnent en surface. En revanche les masses terrestres situées à proximité de l’Equateur perdent une partie de leur poids sur la carte du monde.
Berlin, 15/11/2013 (DW / MCN, via mediacongo.net)

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