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RWANDA. COMME UN ENFANT AGITÉ QUI A REÇU UNE FESSÉE, LE PRÉSIDENT PAUL KAGAME EST EN TRAIN DE S’ASSAGIR

Le 16è dialogue national (13-14/12/2018) vient de se terminer à Kigali. Il a été remarqué que Paul Kagame s’assagit. Durant les deux jours qu’ont duré ces assises, il n’a pas piqué de crise de colère comme à son habitude lors de telles réunions. Il a interpellé poliment ses collaborateurs, que ce soit le professeur Anastase Shyaka, ministre de l’administration locale, de l’ambassadeur Claver Gatete, ministre des infrastructures ou Jacques Rwangombwa, gouverneur de la Banque nationale, il s’est gardé d’user de sa violence verbale habituelle. Il a même couvert d’éloges la jeune ministre du commerce et de l’industrie, Soraya Hakuziyaremye. Paul Kagame s’est voulu se montrer candide tellement que même quand les réponses données par les différentes autorités n’étaient pas satisfaisantes, il n’insistait pas outre mesure. Ce qui est inhabituel !

Cet apprentissage de quiétude, le président l’a montré également dans ses discours soit à l’ouverture comme à la clôture voire même dans sa conférence de presse qui a clos les deux jours du dialogue national. N’a-t-il pas reconnu modestement que l’enseignement piétine ? Que la malnutrition est presque généralisée chez les enfants en bas s’inscrivant ainsi en faux contre les pourcentages proches des 90% de performance que ne cessent de brandir les autorités politiques à tous les niveaux ?

Même au point de vue sécurité, il a reconnu que son armée a subi des revers dans une récente attaque des FDRL au nord du pays. Il est vrai qu’il l’a admis du bout des lèvres tentant aussi de minimiser le nombre de ses soldats qui ont laissé leurs vies sur le champ de bataille. C’est un pas de taille dans le changement d’attitude de Paul Kagame au moment où le porte-parole de l’armée n’avait voulu déplorer aucune victime.

Pourquoi, subitement Paul Kagame semble faire profil bas ?

Il faut trouver les réponses dans l’analyse de ses déclarations. Il a admis que le Rwanda est malmené par ses pays limitrophes qui, tous, posent des actes inamicaux envers les Rwandais qui s’y rendent. A côté de ces relations exécrables avec les pays voisins, il faut ajouter que la diplomatie rwandaise est confrontée au courroux de l’Afrique du Sud dont la ministre des Affaires étrangères, Linduwe Sisuli, a été insultée par le journal Rushyashya proche des services secrets rwandais.  L’excès de zèle du secrétaire d’État aux Affaires étrangères, le bouillant ambassadeur Olivier Nduhungirehe, qui n’a pas ménagé l’Afrique du sud dans ses tweets, est venu mettre l’huile sur le feu.

Un autre motif d’inquiétude est la volonté manifeste du Rwanda d’en découdre avec le Burundi. Le méga entrainement de l’armée rwandaise à Gabiro va dans cette logique. L’on y a vu Paul Kagame troquer son costume contre un uniforme militaire camouflé. Au même moment, l’armée burundaise a fait de même, s’entraînant avec des engins modernes de toutes sortes. Bref, de deux côtés, on est en train de fourbir les armes pour une confrontation qui devient, au fil des jours, inévitable. Evidemment tout cela ne peut que rendre soucieux Paul Kagame qui a commencé à douter de la combativité de son armée au regard des camouflets qu’elle subit. La dernière attaque du 15/12/2018 aux confins de la forêt de Nyungwe, au sud-Ouest du Rwanda, et dans laquelle le ministère de la Défense a déploré la mort deux personnes et autres dégâts importants en est autre un exemple éloquent.

Jean-Charles Murego

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