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Rwanda: la cour d’assises de Paris tiraillée par les 2 camps du génocide

 

Ces deux premières semaines, consacrées à l’histoire du Rwanda avant et au moment des faits (1994), ainsi qu’au portrait du « capitaine à roulettes » – le surnom de Pascal Simbikangwa -, ont révélé combien les positions demeurent antagonistes entre experts et anciens militaires français ou belges, proches de l’ex-pouvoir génocidaire hutu ou…

 

Le parti des Hutus

 

Tous deux cités par la défense de l’accusé, cloué sur un fauteuil roulant depuis un accident de la route remontant à 1986, l’universitaire belge Filip Reyntjens et le colonel français en retraite Michel Robardey ont, d’une certaine manière, pris à la barre le parti du clan hutu, pourtant coupable d’un génocide ayant fait 800 000 morts entre avril et juillet 1994.

« S’il y avait des escadrons de la mort au Rwanda en 1992-1993, c’était ceux du FPR (l’armée des rebelles tutsis de l’époque), pas ceux du gouvernement (hutu) », a estimé l’officier français, dédouanant l’accusé.

L’universitaire belge a pour sa part évoqué le « rapport assez particulier à la vérité » entretenu selon lui par les Rwandais, et notamment les Tutsis. En réponse, le militant belge des droits de l’homme Éric Gillet, un autre expert cité à la barre, a rappelé la « proximité de Filip Reyntjens avec l’ancien régime hutu ».

 

Depuis deux semaines, les jurés populaires ouvrent de grands yeux face à ce théâtre d’ombres sanglantes. L’accusé, dont Éric Gillet a décrit vendredi le rôle comme étant « à l’articulation de l’armée et des milices interahamwe (hutus) qui dressaient les barrages assassins », réfute toute participation aux crimes.

 

Minimisant son rôle dans les services de renseignement où il avait été affecté après son accident, Pascal Simbikangwa se décrit comme un « bureaucrate », dont la filiation mixte (sa mère était une Tutsi) et la foi catholique font qu’il « ne pouvait pas tuer des gens » : « J’ai d’ailleurs sauvé des Tutsis de mon entourage », rappelle-t-il avec raison. Autant de faits qui vont être abordés d’ici la mi-mars.

 

Surenchère de la défense

 

 En défense de ce client niant toute exaction alors qu’il était un très proche du pouvoir, les deux jeunes avocats commis d’office n’ont pas la tâche aisée. Au risque d’apparaître comme négationnistes, ils se laissent parfois aller à une surenchère déplacée et malhabile.

Ainsi Me Alexandra Bourgeot, pour tenter de décrédibiliser l’expert Éric Gillet, n’a pas hésité à lui demander s’il n’avait pas eu « une petite amie rwandaise » lors de ses enquêtes à Kigali. Sous-entendu tutsi… Un argument coutumier des négationnistes.

 

Source: http://www.7sur7.cd/index.php/8-infos/1706-la-cour-d-assises-de-paris-tiraillee-par-les-deux-camps-du-genocide-vingt-ans-apres

 

 

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