Rwanda: La MONUSCO protège le régime de Kigali


Pour le patron de la Monusco et Représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU en RDC, pousser le Rwanda à remplir sa part d’engagement dans l’accord-cadre d’Addis Abeba c’est « regarder derrière ». Il l’a dit dans une interview à RFI qui trahit, une fois de plus, la commisération de la communauté internationale pour la dictature de Kigali.

 

Le Secrétaire Général intérimaire des FDLR a annoncé la décision de son mouvement de mettre fin à la lutte armée. Il a annoncé aussi que ses troupes sont prêtes à déposer les armes auprès de la Monusco et du Rwanda, mais souhaite un dialogue politique entre le pouvoir de Kigali et ses opposants dont les FDLR.

 

A Kinshasa, l’annonce a été accueilli avec prudence, question, pour Kinshasa et la Monusco, de voir jusqu’où va la sincérité de cette déclaration et à quel niveau elle est partagée par les différentes franges de ce mouvement. Kigali, pour sa part, a rejeté catégoriquement l’offre, estimant s’être prononcé à maintes reprises contre tout dialogue avec les génocidaires.

 

Autant s’offrent des possibilités d’avancer dans le processus de paix dans la région des Grands Lacs, autant les portes se referment tout de suite à cause de l’extrémisme du pouvoir de Kigali sur qui personne, au sein de la Communauté Internationale, n’exerce la moindre pression pour qu’il remplisse sa part d’engagements. La dernière réunion d’Addis Abeba sur les Grands Lacs, tenue en marge du dernier sommet de l’Union Africaine est d’un laconisme qui traduit cette indifférence face à la responsabilité du Rwanda dans la déstabilisation de l’Est de la RDC et des Grands Lacs.

 

Pire l’attitude de la communauté internationale tend à faire croire que Kigali n’a rien à faire de son côté pour le rétablissement de la paix dans cette région. Jakaya Kikwete, Président de la Tanzanie, avait pourtant appelé à la tenue de dialogues politiques au Rwanda et en Ouganda. Personne, parmi les représentants d’organisations internationales et des puissances occidentales n’avait relevé cet appel pourtant capital. Au contraire, aujourd’hui, Martin Kobler, patron de la Monusco et Représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU en RDC, vient de trahir le fond de pensée de l’ONU et de la communauté internationale sur le Rwanda. Pour lui, la question rwandaise, c’est du passé. Il l’a dit dans une interview qu’il avait accordée à RFI lors du sommet de l’Union Africaine. Voici un passage de cette interview.

 

« Que se passe-t-il lorsqu’un Etat signataire ne remplit pas ses obligations ? Prenons le cas du Rwanda. Le rapport des Nations unies pointe de nouveau un soutien du Rwanda au M-23 en violation de l’accord de février.

 

On a des réunions et on va le mentionner. Je crois que ce n’est pas le problème. Maintenant on est dans une nouvelle période, c’est la fin militaire du M23. Il faut construire la paix. C’est aussi l’objectif, le but de cet accord. Ce n’est pas de regarder en arrière. »

 

Concrètement, on doit comprendre que, pour Kobler et l’ONU :

 

L’implication du Rwanda dans la réorganisation du M23 n’est pas un problème

 

La nécessité d’un dialogue politique au Rwanda et en Ouganda n’est pas un problème

 

Bref, pour Martin Kobler et la communauté internationale, pousser le Rwanda à remplir sa part d’engagements dans l’accord-cadre d’Addis Abeba c’est « regarder en arrière ». Dans ce cas, à quoi bon dépenser l’argent pour mener des enquêtes qui n’aboutiront à rien ? Dans ce cas aussi, à quoi bon produire des déclarations et répartir les engagements lorsqu’on s’organise pour que certaines parties n’accomplissent leurs parts en toute impunité ? Dans ce cas aussi, pourquoi dire que la paix se construit ensemble pendant qu’on exempte certains partenaires à cette œuvre de leurs tâches ?

 

Finalement, veut-on faire croire que la crise en RDC est une affaire strictement interne à ce pays et que les voisins n’ont rie à voir ? Manifestement nous nous retrouvons face à deux hypothèses quant à l’abord de la question de la paix dans les Grands Lacs par Martin Kobler et tous ceux qu’il représente : ou bien il ne maîtrise pas totalement la situation, ou bien il trahit les choix de la communauté internationale sur la démarche partielle et partiale qui ne fera que maintenir la région dans un équilibre instable.

 

En effet, prié, dans la même interview de définir les contours des ADF-NALU, Kobler a brillé par une ignorance curieuse. Soit il ne le sait tout simplement pas, soit il le feint juste pour éviter d’avoir à justifier la priorité donnée sur la traque des FDLR. L’on est donc tenté de conclure en une sorte de duplicité de ceux qui sont censés soutenir le processus de paix. On ne peut, en effet, pas exercer des pressions que sur la RDC qui, par ailleurs, s’acquitte honorablement de ses responsabilités, tout en laissant les autres à leurs aises, malgré les preuves du sabotage, par eux, des efforts de paix.

 

En effet, on ne peut pas justifier autrement les faiblesses des réponses de Kobler à des questions pourtant précises de RFI sur des aspects très clairs du processus de paix : quelle est l’évaluation de la mise en œuvre de l’accord cadre ? Que dire de ceux qui ne remplissent pas de leurs engagements ? Comment justifier les choix politiques et militaires contre les forces négatives, etc ? Le patron de la Monusco aura été tellement évasif qu’on ne peut pas ne pas croire qu’en réalité il a affiché les véritables choix de ceux qu’il représente.

 

Pour le reste, les Congolais ont déjà pris leur responsabilité pour défendre leur pays et baliser son destin de puissance.

 

Ci-dessous, les lecteurs peuvent aussi découvrir l’ »interview-vérités » de Martin Kobler sur RFI

 

[Pascal Debré MPOKO]

 

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Martin Kobler: en RDC, «la réconciliation prendra du temps»

Les représentants des onze signataires de l’accord-cadre sur la paix et la sécurité en RDC se sont retrouvés à Addis-Abeba, en marge du sommet de l’Union africaine qui s’est tenu en fin de semaine dernière. Un plan d’action prioritaire a été adopté pour s’assurer que les Etats tiennent les engagements pris lors de la signature de cet accord-cadre, parrainé par les Nations unies il y a un an. Car, malgré la défaite des rebelles du M23 en novembre, de nombreux groupes nocifs subsistent, dans les Kivus, mais aussi au Katanga comme l’explique Martin Kobler, le chef de la Monusco, la mission des Nations unies en RDC, invité de Nicolas Champeaux.

 

A noter que, depuis l’enregistrement de cet entretien, un chef des FDLR a déclaré la fin des hostilités contre le Rwanda. Une déclaration qui reste à être confirmée sur le terrain.

 

RFI : Quelle est la portée du plan d’action signé au Sommet de l’Union africaine ?

Martin Kobler : Je crois que c’est très important d’avoir ces réunions à haut niveau, régulièrement, pour mettre en œuvre les engagements dans la région, afin de voir ce qui a été fait et ce qui reste à faire, ce qu’il faut concrétiser. On a avancé par rapport au premier document qui a été fait à New York il y a six mois je crois. Le document actuel est plus concret. On a fixé les délais, on a distribué les tâches entre le gouvernement du Congo, la région, le Rwanda et la Monusco.

 

Que se passe-t-il lorsqu’un Etat signataire ne remplit pas ses obligations ? Prenons le cas du Rwanda. Le rapport des Nations unies pointe de nouveau un soutien du Rwanda au M-23 en violation de l’accord de février.

On a des réunions et on va le mentionner. Je crois que ce n’est pas le problème. Maintenant on est dans une nouvelle période, c’est la fin militaire du M23. Il faut construire la paix. C’est aussi l’objectif, le but de cet accord. Ce n’est pas de regarder en arrière.

 

Il y a également toute une partie qui concerne spécifiquement les responsabilités du gouvernement congolais au niveau de l’engagement national. Et là, vous la Monusco, vous êtes chargé de vérifier ?

Nous avons le mandat du Conseil de sécurité, pas seulement de combattre les groupes armés, mais aussi de travailler d’une manière constructive sur cette part de l’accord-cadre des engagements nationaux, par exemple sur la réforme de la sécurité.

 

La réforme essentielle…

C’est très important d’avoir une police qui est bien payée, qui est bien entraînée, une armée qui est réformée et qui va sécuriser la stabilité du pays.

 

Au niveau des sept points qui concernent spécifiquement Kinshasa, il y a la réconciliation. Est-ce que vous estimez que les choses évoluent suffisamment rapidement ?

Non, je suis impatient. Je suis un homme impatient, mais je sais que la réconciliation, ça prend du temps. C’est un processus mental. Il faut travailler constamment et régulièrement sur le processus d’intégration des les vieux ennemis dans la société. Par exemple le M23, ils sont maintenant au Rwanda, en Ouganda. Congo. Ceux qui sont Congolais doivent rentrer au Congo : le DDR c’est la démobilisation, le désarmement et la réinsertion dans la vie civile.

 

Le commandant militaire de la Monusco a déclaré il y a peu que la lutte contre les ADF-Nalu relevait exclusivement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Ce qui a déclenché l’ire de Kinshasa. Que dit le plan d’action ? Est-ce que ce différend est réglé ?

Nous avons ici une position très claire. Notre priorité c’est la lutte contre les FDLR. Après la défaite militaire du M23, on a consacré deux tiers de notre force pour combattre les FDLR. Mais ça veut pas dire que l’on néglige le combat contre les ADF-Nalu. Le reste de la brigade d’intervention est consacré pour assister les FARDC dans leur combat contre les ADF-Nalu au Nord.

 

Parlez-nous un peu de ce nouveau groupe rebelle dont on ne sait pas grand-chose finalement. Qui sont-ils ? Comment opèrent-ils ? Sont-ils bien équipés ?

ADF-Nalu, c’est un groupe anti-ougandais. Tous les groupes armés sont différents. La lutte contre le M23, c’était une lutte contre une sorte d’armée. Le combat contre les FDLR, c’est encore différent puisqu’ils sont organisés en petits groupes. Et le combat contre les ADF-Nalu, c’est encore autre chose. Ils ont une autre stratégie de guérilla, mais aussi, ils commettent des atrocités contre la population.

 

Le cas des M23 a été pratiquement réglé en novembre. Quels sont les autres défis ? Parce qu’il y a énormément de forces nocives dans l’est de la RDC, une quarantaine. Est-ce que ce n’est pas plus difficile de s’attaquer à ces différentes forces éparpillées et moins visibles que le M23 ?

Il faut prioriser ici. On agit dans une région qui a la dimension de l’Afghanistan c’est pourquoi il faut établir des priorités. Et notre priorité ce sont ces trois organisations : M23, FDLR, ADF-Nalu. Il faut d’abord régler les problèmes avec eux parce que plus tard, ce sera plus facile de régler ceux posés par les Maï-Maï. Mais j’admets qu’on a des cas de violations des droits de l’homme par les groupes Maï-Maï.

 

C’est un grand problème parce que nous avons l’obligation de neutraliser, d’une manière offensive, tous les groupes armés. On voit des atrocités commises par les groupes Maï-Maï maintenant au Katanga. [D’autres groupes Maï-Maï ] sont aussi actifs dans les territoires du Kivu avec des viols en masse. Il faut s’occuper de ce problème. Mais on ne peut pas être partout. Maintenant notre priorité c’est de combattre les FDLR et les ADF-Nalu.

 

[Nicolas Champeaux / Rfi]

 

Published By www.KongoTimes.info

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