Comme un coup de tonnerre, l’information est tombée dans un Rwanda qui n’avait pas fini de condamner cette condamnation de l’activiste Diane Rwigara et de sa mère à une peine aussi lourde qu’inique de 22 ans. Le procès qui a conduit à cette décision n’a duré que 5 heures chrono. Cinq petites heures qui avaient plié une procédure engagée contre celle qui a osé, il y a un an, affronter l’homme filiforme de Kigali à l’élection présidentielle.
Diane Rwigara et sa mère en ont pris pour leur grade, car aucune témérité n’est tolérée à l’encontre de celui qui dirige le Rwanda avec une rigueur d’ancien directeur d’école, pour ne pas dire qu’il a presque droit de vie et de mort sur ses concitoyens. Un président qui fait la pluie et le beau temps dans une Afrique où rares sont les pays qui peuvent se mettre à la hauteur de son pays qui force l’admiration par ses prouesses économiques et en matière des techniques de l’information et de la communication.
Désormais, qu’il connaisse la pression ou non des Etats Unis ou de la France, des organisations de la société civile locales ou internationales, le Rwanda de Paul Kagame est en train de construire et/ou de renforcer les fragiles fondements d’un processus démocratique où les citoyens seront des acteurs et non plus des sujets qui subissent les humeurs de l’ancien maquisard qui se donne une virginité, certes pas à toute épreuve mais appréciable.
L’acquittement de Diane Rwigara et de sa mère, s’il est à saluer est loin d’être mécanique, même sil’on pourrait craindre ces sauts d’humeur et retournements de situation dont seul Paul Kagame a le secret. Il n’y a pas si longtemps, l’opinion qui a été séduite par la libération de plus de 2000 prisonniers politiques au cours de cette année.
L’homme n’en n’était pads du reste à son premier coup de magnanimité car ayant déjà accordé la même grâce à, entre 30 et 40 000 détenus accusés de génocide, allant des personnes âgées de plus de 70 ans aux malades en passant par ceux qui auraient fait leur mea culpa. Mais c’est encore le même Paul Kagame qui avait menacé de renvoyer dans les geôles l’opposante Victoire Ingabiré si celle-ci, qui avait bénéficié de la grâce présidentielle après avoir purgé plus du tiers de sa peine continuait de claironner qu’elle n’avait pas confessé son péché. Certainement que le plus embêtant pour le chef de l’Etat rwandais était que l’opposante Victoire Ingabiré a campé sur sa position. «Je vais continuer ma lutte» avait crié haut et fort, Dame Ingabiré.
Mais, Paul Kagamé, adulé-craint selon ses détracteurs-n’a aucun intérêt à reculer, tant la dynamique d’émergence qu’il a impulsée à son pays ne pourrait s’accommoder d’entorses à la démocratie et aux droits humains. Qui plus est, à en croire la troisième édition de l’indice d’ouverture des pays qui tend à éliminer les visas pour les Africains voyageant en Afrique, initiative de la Banque africaine et de développement (BAD) en collaboration avec l’Union africaine (UA), le Rwanda vient de rejoindre le petit cercle des pays africains qui délivrent le visa à l’arrivée.
Ce n’est donc pas un hasard si le pays de Kagame vient d’abriter, du 3 au 5 décembre 2018, la Conférence économique africaine, organisée conjointement par la Commission économique africaine, la BAD et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Et pour faire mentir les mauvaises langues qui critiquent sans retenue la nomination de la Rwandaise, Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie à Erévan en Arménie, le «jekill and hyde» a plus que jamais intérêt à se montrer plus ange et moins démon.
Par Wakat Séra