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Rwanda: le méthane mortel du lac Kivu, une future source d’énergie


(c) Afp Des enfants de pêcheurs au bord du lac Kivu, à Rubavu (Rwanda), le 2 mai 2014 (c) Afp

 

Karongi (Rwanda) (AFP) – Sous les eaux calmes du lac Kivu, à la frontière entre Rwanda et République démocratique du Congo (RDC), sommeille une véritable bombe potentiellement mortelle, mélange de méthane et de CO2, que le Rwanda veut transformer en électricité.

 

Les 2.370 km2 du lac Kivu – soit quatre fois la taille du lac Léman entre la France et la Suisse – dont la profondeur atteint 485 mètres par endroits, contient, selon les estimations, quelque 60 km3 de méthane dissous et environ 300 km3 de dioxyde de carbone (CO2).

 

“Le lac Kivu est un lac à problème (…) dans lequel on trouve du dioxyde de carbone en volume assez important et du méthane (…) un gaz qui peut servir de détonateur à une éruption limnique”, une remontée des eaux profondes chargées en gaz mortel qui se répandrait alors dans l’atmosphère, explique Matthieu Yalire, chercheur à l’Observatoire volcanologique de Goma, sur la rive congolaise du lac.

 

Avec ceux de Nyos et de Monoun au Cameroun, le lac Kivu est l’un des trois lacs au monde renfermant de très fortes concentrations de gaz. En 1986, le CO2 brutalement libéré par le lac Nyos avait tué par asphyxie plus de 1.700 habitants alentour. Deux ans auparavant, un phénomène semblable avait tué 37 personnes autour du lac Momoun.

 

Une telle catastrophe sur le lac Kivu pourrait tuer jusqu’à 2 millions de riverains rwandais et congolais. Or, la forte présence de méthane dans le lac et la proximité du volcan Nyiragongo, un des plus actifs d’Afrique, rendent l’événement loin d’être hypothétique.

 

En 2002, une éruption du Nyiragongo avait laissé craindre un bouleversement de la “stratification” (disposition des couches d’eau) du lac, susceptible d’entraîner une remontée des couches chargées en gaz. “Pour l’instant le lac est stable mais pour combien de temps?”, interroge Matthieu Yalire, qui estime qu’extraire le méthane permet de “stabiliser” le lac.

 

Pour Martin Schmid, chercheur à l’Institut suisse de recherche sur l’eau et les milieux aquatiques (Eawag), “il est essentiel d’extraire le gaz du lac, au moins à long terme (…) si on laisse les gaz s’accumuler pendant une longue période, il faudra s’attendre à un moment à une éruption catastrophique de gaz”.

 

– Seul lac au monde avec du méthane exploitable –

Mais cette concentration explosive de méthane fait aussi du lac Kivu le seul au monde où ce gaz peut être exploité commercialement.

 

A Karongi, sur la rive rwandaise, au pied des collines verdoyantes parsemées de bananeraies, l’entreprise américaine ContourGlobal, spécialisée dans la construction et la gestion de centrales électriques, finalise les préparatifs du projet KivuWatt qui vise à transformer la menace en aubaine et le gaz mortel en source d’énergie commercialisée. LIRE LA SUITE

 

 

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