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Rwanda : Le transfert du Major NTUYAHAGA Bernard dans le camp d’endoctrinement de MUTOBO viole les garanties données à la Belgique (Communiqué n° 139/2018)

Le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR) dénonce et condamne la violation de l’une des garanties que le régime totalitaire du Rwanda avait données aux autorités et fonctionnaires belges qui ont négocié la déportation vers ce pays de M. NTUYAHAGA Bernard. Pour le CLIIR qui soutient la fille de l’intéressé, Mlle Bernadette Muhorakeye, cette déportation peut être fatale pour lui dans la mesure où tout régime totalitaire se comporte comme irresponsable et menteur dans tous ces engagements.

Vendredi le 21 décembre 2018, M. Bernard NTUYAHAGA a été détourné par la Belgique de sa destination finale qui était et qui reste toujours le Danemark où vivent la fille et l’épouse de l’intéressé. Ces dernières ont engagé un avocat du Barreau de Kigali pour défendre les intérêts de Ntuyahaga, dès son arrivé au Rwanda. Maître BUHURU était au rendez-vous, mais il n’a pas pu prendre en charge son client qui a été « détourné et logé » par le régime.

A partir de ce dimanche 23 décembre 2018, M. NTUYAHAGA Bernard est en « détention » déguisée dans un centre d’endoctrinement de MUTOBO installé dans le Nord-Ouest du Rwanda (près de la frontière congolaise de Goma).

L’intéressé, qui est arrivé à Kigali au Rwanda vendredi soir le 21/12/2018 n’avait aucun projet de s’installer au Rwanda. Kigali n’était qu’une escale avant son départ rapide au Danemark. Il n’avait pas besoin de lavage de cerveau imposé à ceux qui sont destinés à s’installer au Rwanda. Il devait se faire assisté par Maître BUHURU Jean, mandaté par la famille Ntuyahaga, pour l’aider à obtenir les documents d’identité et de voyage et le défendre contre les directives liberticides et les comportements totalitaires du régime rwandais.

La responsable de la Commission chargée de la Démobilisation et de l’Intégration des militaires, Madame Séraphine MUKANTABANA, accompagnée par un comité d’accueil spécial composé d’au moins trois généraux en civils et camouflés dans un groupe de plusieurs jeunes militaires, a contraint Ntuyahaga de loger pendant deux jours (du 21 au 23/12/2018) dans une maison de passage de la Commission, avant d’être transféré au camp de Mutobo. Rappelons qu’il est incompréhensible de considérer l’intéressé comme un militaire après 24 d’inactivité militaire. Les trois mois d’endoctrinement qui lui sont imposés à Mutobo, sont donc inutiles et stupides.

Au camp de MUTOBO, M. Ntuyahaga sera endoctriné avec plusieurs centaines de combattants des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) qui ont déposé les armes en 2014, tout en espérant rentrer dans la dignité au Rwanda. Malheureusement, les autorités congolaises ont préféré orchestrer leur rapatriement forcé, car, ils sont arrivés menottes aux poignées. Leurs femmes et leurs enfants ont été séparés et logés dans un autre camp de Nyarushishi à l’extrême Sud-Ouest du Rwanda dans l’ex-préfecture de Cyangugu.

M. Ntuyahaga a été déporté au Rwanda en violation de tous ses droits, sa liberté et sa dignité en tant qu’être humain. Les responsables belges ont préféré ignorer toutes nos mises en garde jusqu’à la dernière minute. Sa fille Bernadette a écrit à Madame Maggy de Block, Secrétaire d’Etat à l’Immigration qui a remplacé M. Théo Francken. C’est ce dernier qui avait juré de livrer Ntuyahaga non pas à sa famille au Danemark mais au régime totalitaire du Rwanda. Ce pays est dirigé par le plus grand tortionnaire et criminel « sans frontières » qui a sévi en Uganda, au Rwanda et en République Démocratique du Congo (RDC) dans la Région de l’Afrique des Grands Lacs (RAGL). Cette région a battu tous les records en matière d’élimination des chefs d’Etat. Dans un espace de moins de 8 ans (du 21/10/1993 au 16 janvier 2001) Quatre chefs d’Etats, tous noirs « non-tutsis » et en fonction, ont été assassinés dans cette région en toute impunité (TROIS présidents Hutus : un du Rwanda (Juvénal Habyarimana) et deux du Burundi (Melchior Ndadaye et Cyprien Ntaryamira). Le quatrième président Laurent Désiré KABILA a été tué le 16/01/2001, soit 40 ans après l’assassinat du Premier ministre congolais Patrice Lumumba tué le 16/01/1961). Le président du Rwanda, Paul KAGAME, est un ancien réfugié tutsi en Uganda qui est accusé d’avoir trempé dans ses crimes par plusieurs de ses camarades d’armes rentrés d’Uganda après la conquête du Rwanda et de la RDC.

Craintes de sa fille Bernadette :

Etant donné la proximité du camp de Mutobo avec la ville frontalière de Goma en RDC, pays encore victime d’excursions de plusieurs rébellions créées et soutenues par le Rwanda, sa fille Bernadette craint que son père soit éliminé physiquement ou enlevé et porté disparu comme le fut le colonel Augustin CYIZA qui avait réintégré l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) en 1994 et dont on a perdu toute trace depuis le 23 avril 2003. Il a été kidnappé au feu rouge à Kigali par les tortionnaires du régime qui l’ont fait disparaître deux semaines après la disparition du Député (du MDR), le docteur HITIMANA Léonard enlevé à Kigali le 07 avril 2003. Ces deux victimes sont des Hutus.

Ces kidnapping, suivis de disparitions, ont été opérés par les agents de la Directorate of Military Intelligence (DMI), une sorte de Gestapo rwandaise.

Pour se disculper, les autorités rwandaises ont propagé des rumeurs selon lesquelles les deux disparus auraient fui le pays en passant par la frontière nord avec l’Uganda où l’une de leurs voitures a été garée pour « preuve officielle ».

Quant au CLIIR, nous pensons que le régime totalitaire de Kigali est très expérimenté dans l’art de mentir et dans les méthodes d’élimination physique et de destruction mentale pour semer la terreur et se débarrasser de ses opposants.

En déportant M. Ntuyahaga au Rwanda, la Belgique devra assumer toutes les conséquences de cette déportation injustifiée et illégitime qui traduit l’absence d’humanité et de fraternité de ceux qui l’ont organisée.

L’État totalitaire, comme celui du Rwanda, consiste en une énorme bureaucratie d’une efficacité sans failles. Une des caractéristiques du totalitarisme est d’enrégimenter physiquement et mentalement la population. L’idéologie constitue un instrument de gouvernement sans pareil, par l’endoctrinement des populations. La propagande a l’effet d’un lavage de cerveau, permettant d’obtenir l’assentiment du peuple. Selon Claude Polin, les idéologies totalitaires permettent « de mettre les esprits même en esclavage, et de tarir toute révolte à sa source vive, en ôtant jusqu’à son intention même »

Envoyer M. NTUYAHAGA au Rwanda, c’est porter atteinte à ses droits et à sa dignité qui ne seront jamais respectée au Rwanda comme c’est le cas pour tout le peuple rwandais actuellement. C’est l’exposer à tous les danger

Par Innocent Twagiramungu

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