Le chanteur, rescapé du génocide, prône la réconciliation. Et pourtant, le pouvoir de Kigali l’accuse de haute trahison. Tentative d’éclairages.
Kizito Mihigo, un chanteur populaire au Rwanda est au centre d’une affaire bien troublante. Le 15 avril, il est arrêté, en compagnie de trois autres personnes, dont un journaliste. Le site News of Rwanda rapporte que le chanteur est accusé de terrorisme, d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de trahison. Le site d’informations avait ajouté que le chanteur «fait l’objet d’une enquête pour avoir préparé des attaques à la grenade contre le gouvernement».
L’annonce de l’arrestation de cet artiste et, surtout, des accusations portées contre lui, suscitent l’émoi et le doute au sein de la population. Kizito Mihigo est un artiste apprécié dans le pays. Comme le rappelle le quotidien belge Le Soir, «depuis son retour au Rwanda en 2011, il était devenu une véritable vedette, non seulement à cause de la popularité de ses chansons, mais aussi à cause de la fondation qu’il avait créée, vouée à la paix et à la réconciliation».
L’artiste est un orphelin qui a perdu sa famille dans le génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994. Rescapé, il a suivi des études de musique à Bruxelles, financées, selon des indiscrétions du Soir, par le président Paul Kagamé qui accuse aujourd’hui le chanteur de gospel de terrorisme et surtout de vouloir le tuer.
Ces accusations surprennent, d’autant plus qu’elles sont en totale contradiction avec l’engagement humaniste de Kizito Mihigo et l’œuvre de réconciliation à laquelle il s’emploie à travers sa fondation pour la paix et ses chansons. [..]