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Rwanda – USA: Des Congressmen se mobilisent pour la famille Rwigara

Depuis ce mercredi 26 novembre 2018, plusieurs élus américains, démocrates et républicains, postent sur Twitter des messages de soutien à Diane Rwigara et à sa mère Adeline Rwigara sous le hashtag #FreeDianeRwigara. Cette mobilisation surprise intervient une semaine avant le prononcé du verdict très attendu du procès intenté par Kigali contre la famille Rwigara. Comme Jambonews le rapportait au mois d’août, le hashtag #FreeDianeRwigara , aujourd’hui repris par plusieurs élus américains, est une campagne initiée en août 2018 par des jeunes kenyans et ougandais en vue de marquer leur solidarité envers les prisonniers politiques rwandais. 

Le sénateur Dick Durbin, numéro deux du parti démocrate au Sénat américain, a ainsi écrit être « troublé » par « ce qui semble être des accusations très questionnables contre Diane Rwigara visiblement pour avoir voulu se présenter aux élections », terminant son tweet par les deux hashtags #FreeDianeRwigara et #FreeAdelineRwigara.

La représentante Ann Louise Wagner, élue de l’état du Missouri, a pour sa part écrit : « Aujourd’hui nous appelons le Rwanda à libérer Diane Rwigara. La participation politique pacifique n’est pas un crime. »

A ce tweet le sénateur Patrick Leahy, membre du congrès américain depuis 1975, a répondu : « Lorsque les poursuites judiciaires sont utilisées contre les opposants politiques, c’est la démocratie elle-même qui est menacée. Aujourd’hui j’appelle le Rwanda à libérer Diane Rwigara

La représentante Barbara Lee, élue de la Californie, a quant à elle qualifié Diane et Adeline Rwigara d’ « héroïnes », écrivant sur son compte Twitter qu’« au Rwanda, Diane Rwigara et sa mère Adeline sont persécutées pour avoir eu le courage de s’exprimer contre la corruption et l’autocratie. Ce sont des héroïnes. La participation politique n’est pas un crime. » Elle a également terminé son tweet par les hashtags #FreeAdelineRwigara, #FreeDianeRwigara.

Par ailleurs, le mercredi 4 décembre 2018, un briefing sur la question des droits de l’Homme et des prisonniers politiques du Rwanda sera organisé au congrès américain à Washington. Dans leur communiqué de présentation de l’évènement, les organisateurs écrivent que « le gouvernement bloque l’accès aux services d’informations et aux sites web basés à l’étranger, surveille les médias sociaux, permet aux autorités de pirater les réseaux de télécommunication, maintient un régime onéreux d’enregistrement et de reporting pour les organisations non gouvernementales et autorise les exécutions extrajudiciaires de petits délinquants. » Les individus qui critiquent Paul Kagame, continuent les organisateurs, «  font l’objet de représailles gouvernementales. De nombreux leaders de l’opposition ont été arbitrairement arrêtés et condamnés à de longues peines de prison. Des membres de la famille proche, des employés ou des personnes associés à ces voix critiques ont également été ciblés par des détentions arbitraires en guise de pression ou de sanction. »

Ce n’est pas la première fois durant ce mois de novembre que des élus américains affichent publiquement leur soutien à Diane Rwigara. Le 6 novembre, en marge des élections américaines, la représentante Suzanne Bonamici de l’état de l’Oregon avait ainsi tweeté : « Aujourd’hui, au moment de voter, il est rappelé aux Américains à quel point nous sommes chanceux de vivre dans un pays qui connait des élections libres. Ce n’est pas le cas pour l’activiste des droits de l’Homme Diane Rwigara et ses concitoyens rwandais. » Avant d’ajouter, « Diane risque la prison pour s’être exprimée et avoir challengé le gouvernement. Je plaide pour l’admission de Diane en tant que membre de la Commission Thomas Lantos qui défend les projets de liberté. »

La colère de Kigali

Ce tweet avait provoqué l’ire de Kigali. Richard Sezibera, le ministre des Affaires étrangères, avait ainsi répondu « Non Madame, Diane ne risque pas la prison pour s’être exprimée mais pour des activités réputées criminelles en vertu de nos lois. Cela peut vous paraitre étrange mais au Rwanda nous n’élisons pas des criminels présumés. Ils font face à la justice dans nos tribunaux ! »

Olivier Nduhungirehe, numéro deux de la diplomatie rwandaise et omniprésent sur les réseaux sociaux avait quant à lui répondu « ‘Chanceux’ vous dites ? Alors s’il vous plait, occupez-vous de vos élections désordonnées, pleines de menaces de morts contre les journalistes, de menaces d’abattre des migrants pacifiques, de bombes artisanales envoyées aux opposants politiques, d’annonces politiques racistes, de journalistes s’exprimant à des meetings politiques, et laissez-nous tranquilles. Nous allons bien

Le 8 novembre, deux jours après ce tweet, le bouillonnant secrétaire d’état récidivait en s’en prenant cette fois-ci à Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie qui venait également d’appeler sur Twitter à suivre « avec la plus grande attention le procès intenté au Rwanda contre l’activiste en faveur de la liberté d’expression Diane Rwigara et de sa mère libérées provisoirement début octobre, accusées devant un tribunal de Kigali d’ ‘incitation à l’insurrection’ ». A ce tweet, Nduhungirehe avait répondu : « L’amertume de la défaite vous fait perdre la tête, Madame ! Une nouvelle Secrétaire Générale a été élue et vous n’avez pas, dans ces dernières semaines qui vous restent, le droit d’utiliser votre poste pour régler des comptes avec votre successeur Louise Mushikiwabo et son pays. »

En haut: Sénateur Dick Durbin, Diane Rwigara, Représentante Ann Louise Wagner En bas: Représentante Suzanne Bonamici, Sénateur Patrick Leahy, Représentante Barbara Lee

D’autres personnalités rwandaises s’étaient jointes à ces critiques, Ange Kagame, la fille du président, se fendant d’un tweet ironique au sujet du timing de la déclaration de Michaëlle Jean : « Quand vous [Michaëlle Jean ndlr] devez quitter votre ancien travail mais que votre candidature pour Human Rights Watch doit être rendue à 23h59. »

Diane Rwigara a voulu se présenter aux élections présidentielles de 2017 face à Paul Kagame mais a été disqualifiée par la Commission électorale nationale. Elle a immédiatement lancé un mouvement de défense des droits de l’Homme « People Salvation Movement – Itabaza » dans le but de sensibiliser les Rwandais à leurs droits.

Elle a été officiellement arrêtée avec sa mère et sa jeune sœur le 23 septembre 2017 après des semaines de surveillance résidentielle, d’interrogatoires et de perquisitions de leur domicile par la police rwandaise.

Plusieurs biens mobiliers et immobiliers appartenant à la famille ont été saisis, détruits ou vendus aux enchères par les autorités rwandaises.

Le verdict dans le procès intenté par l’Etat rwandais contre la famille Rwigara devrait être prononcé le 6 décembre. Ce procès a été marqué par de nombreuses irrégularités au moment de l’arrestation, des accusations ainsi que durant la procédure.

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