Tanzanie : ce climat politique qui préoccupe tant l’Union européenne

Que se passe-t-il en Tanzanie ? Pour l’Union européenne, la situation y est suffisamment tendue pour justifier le rappel à Bruxelles de son représentant.

PAR LE POINT AFRIQUE

La situation en Tanzanie inquiète l’Union européenne (UE). L’organisation a en effet rappelé à Bruxelles Roeland van de Geer, son chef de délégation dans le pays, a indiqué samedi à l’AFP une porte-parole de l’UE en Tanzanie. Au programme la semaine prochaine : une rencontre avec de hauts responsables, et des discussions sur les derniers événements survenus en Tanzanie. Dans un article publié vendredi, le site d’informations L a Lettre de l’océan Indien confirme, en précisant que le gouvernement tanzanien a donné 24 heures au diplomate néerlandais, également en charge des relations avec la Communauté des États d’Afrique de l’Est, pour quitter le pays.

Un rappel qui vient après la publication de plusieurs communiqués de l’UE ces derniers mois, qui relataient son inquiétude quant à la détérioration du climat politique en Tanzanie. En février, elle déplorait ainsi « les récents incidents qui menacent les valeurs démocratiques et les droits des Tanzaniens dans un pays largement respecté dans le monde pour sa stabilité, ses libertés et sa tranquillité ». Le communiqué faisait suite notamment à la mort d’une étudiante tuée par une balle perdue de la police lors de la répression d’une marche de l’opposition et à la tentative d’assassinat, quelques mois plus tôt, du député de l’opposition Tundu Lissu.

Des abus dénoncés par la société civile et l’Église

Ces derniers jours, les associations de défense des droits de l’homme se sont mobilisées contre les déclarations du gouverneur de la province de Dar es Salam, membre du parti au pouvoir, Paul Makonda, qui a appelé lundi ses administrés à dénoncer les homosexuels, promettant des arrestations à compter de la semaine prochaine. Depuis son accession au pouvoir en 2015, le président John Magufuli a été critiqué par des organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile pour son autoritarisme, ses détracteurs l’accusant de réprimer l’opposition et la liberté d’expression. Amnesty International a d’ailleurs déploré cette semaine les « dangereux » projets des autorités dans la capitale. L’homosexualité constitue un crime en Tanzanie, puni d’une peine minimale de 30 ans et pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité.

Mercredi, le parti de l’Alliance pour le Changement et la Transparence (Alliance for Change and Transparency, ACT) a fait savoir que son député Zitto Kabwe avait été arrêté à Dar es Salam. Son tort : avoir affirmé dimanche qu’une centaine de personnes avaient été tuées lors de récents affrontements entre éleveurs et forces de l’ordre dans l’ouest du pays.

En février, l’Église catholique de Tanzanie était sortie de son silence pour appeler l’actuel régime à respecter les principes démocratiques, notamment en mettant fin aux violations des libertés d’expression et d’association et aux attaques contre opposants politiques, journalistes, artistes et militants des droits de l’homme.

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