Témoignage exclusif de Paul,le garde du corps de colonel Mamadou Ndala

par  • 4 JANVIER 2014

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« Nous avons bien et normalement quitté l’hôtel. Arrivés à Ngadi, à une dizaine de kilomètres de Beni, une partie du convoi est passée et c’est notre véhicule qui a essuyé de cette roquette. J’ai aperçu, apparemment par mystère la roquette venir. La roquette était bien dirigée contre le colonel », a-t-il soutenu.

 

« J’ai sauté et j’ai commencé à tirer. Mes munitions se sont épuisées. Donc, ce qui me restait, c’était de fuir. Le camion commençait à bruler », a-t-il ajouté.

 

Des « hommes en tenues des FARDC »

 

« Ce qui m’a le plus étonné, c’est que les hommes qui ont lancé la roquette portaient des tenues des FARDC. Et j’ai bien vu, ce sont des tenues des FARDC. Je n’ai pas compris. J’ai fui et ils m’ont poursuivi sans relâche jusqu’à une certaine distance. Ils m’ont manqué dans la forêt », a témoigné Paul.

 

Et de préciser : « Là encore, j’ai revérifié leur habillement. Et encore, je me rends compte que ce sont nos tenues.

 

Franchement, ce ne sont pas les ADF/NALU qui nous ont attaqués. Peut-être, s’ils ont aussi nos tenues et nos armes… Et c’est ce qui me fait plus mal. Faut-il penser à un montage ? ».

 

Cette version s’est du coup répandue dans la ville de Beni. D’ailleurs, les habitants de Beni craignaient qu’au petit matin du vendredi, des balles crépitent entre FARDC et FARDC (rwandais), c’est-à-dire ceux qui auraient été envoyés pour tuer l’illustre colonel.

 

Manifestations de colère

 

Les manifestations de colère, organisées vendredi 03 janvier 2014 dans les villes de Butembo et Beni ainsi qu’à travers les localités du Grand Nord-Kivu (Mavivi, Oicha, Eringeti), après la mort du colonel Mamadou Ndala jeudi, ont montré combien la population de cette partie du pays comptait sur ce vaillant officier.

 

En effet, à Butembo et à Beni, deux grandes villes du Grand Nord-Kivu, toutes les activités ont été paralysées.

 

A Beni spécialement, la paralysie des activités a commencé à 13 heures le jeudi, soit une trentaine de minutes seulement après que la mort du colonel Mamadou Ndala se confirmait petit à petit.

 

Déjà dans la soirée, des jeunes ont commencé à brûler des pneus dans des artères et la panique était perceptible ainsi que des interrogations parmi les habitants de Beni qui analysaient la tragédie.

 

Après avoir relevé que « ce crime s’est déroulé en plein endroit plus ou moins sécurisé et non sur le champ de bataille », ils ont commencé à se poser des questions, dont celle de savoir si « sont réellement les ADF/NALU qui ont tué l’homme fort ? ».

 

La fréquence des véhicules militaires et même des hélicoptères de guerre s’est accentuée depuis jeudi après-midi à Beni et sur le lieu de l’attaque.

 

En fait, le colonel Mamadou et tout son convoi venaient de quitter l’hôtel Albertine où il logeait et où il a d’ailleurs passé sa fête de Nouvel An, juste à une dizaine de kilomètres du lieu où il a été attaqué.

 

Il venait de payer ses factures avant de quitter l’hôtel, en souhaitant, gentiment et en souriant, à tout le monde (qui était curieux de voir l’homme qui a mis militairement fin à la guerre du M23) ses vœux les meilleurs pour cette nouvelle année.

 

C’est seulement une vingtaine de minutes après que l’un des rescapés est revenu à l’hôtel, visiblement essoufflé et en larmes.

 

Paul, garde du corps du Colonel Mmamadou Ndala, était très perturbé psychologiquement, à tel point qu’en voulant raconter ce qui s’est passé, il s’arrêtait et pleurait.

 

Pleurer pourquoi ? « Non seulement parce que mon chef vient de mourir, mais aussi parce que mon chef est mort devant moi, impuissant », a-t-il avoué.

 

En plus, a-t-il dit, « j’ai bien vu et revu les hommes qui ont tiré et identifié leur tenue militaire et leurs armes : ce ne sont pas des ADF/NALU qui ont tiré sur nous… ».

 

« Mamadou se rendait à Eringeti »

 

Des sources militaires (non officielles) ont laissé entendre que Mamadou et sa suite « se rendaient à Eringeti, à la frontière entre le Nord-Kivu et la Province Orientale pour voir là où seront positionnées les troupes pour la traque des ADF/NALU ».

 

A Butembo, tout a été paralysé. Les habitants de Furu, un des quartiers les plus éveillés, ont organisé une marche de colère pour dénoncer et condamner cette tuerie. Des pneus ont été brûlés presque dans tous les grands ronds-points de la ville. Ils demandaient « qu’une enquête minutieuse soit menée pour que l’on sache qui est derrière cet acte ignoble ».

 

A Beni, où la version sur cette mort est tout à fait autre, on pense que Mamadou a été tué « pour ses dernières victoires sur le M23 et donc, c’était prémédité… ».

 

Il convient de signaler qu’il y avait aussi la presse nationale et internationale dans le convoi. Mais, Dieu merci pour les journalistes, aucun d’entre eux n’a été touché, à part leur chauffeur.

 

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